Reverend Beat Man !!! Un personnage !!! Ultra connu dans le petit monde garage punk, le gonze a à son actif pas mal de hauts faits d’armes. Patron du label Voodoo Rhythm (Future Primitives, Mama Rosin, King Automatic, Becky Lee And Drunkfoot, Hipbone Slim And The Kneetremblers, King Khan ou encore Wau Y Los Arrrghs !!!) depuis plus de 20 ans, celui qui pour l’état civil répond au patronyme suisse de Beat Zeller est un rocker averti. A la tête de plusieurs groupes comme les Monsters ou Die Zorros, il est responsable de quelques riches heures du garage punk suisse.
Dans ces différents combos, il laisse transpirer des influences liées aux pionniers du rock ‘n’ roll, notamment le King himself, mais aussi ses penchants pour un rockabilly psychotique cher aux Cramps et autres Meteors. Ajoutons à cela que le gars est un fan ultime de catch. Il décide alors de monter un show mêlant son sport favori et musique blues trash. Il s‘affronte lui-même sur un ring lors de ses concerts… Un vrai frappadingue mais le public se prend au jeu, vient aux concerts habillé en catcheur pour défier Lightning Beat Man, son pseudo sur le ring…
Puis en 97, la tuile. Un accident le cloue au lit lui fracassant le dos et certainement aussi un bon paquet de neurones. Et là, la légende entre en action. Le Beat Man à la manière d’un Robert Johnson, dit avoir eu une vision : « Dieu lui aurait proposé de faire de lui une rock star » mais il préféra refuser son aide et fonder sa propre église la « Blues Trash Church ». Et le voila autoproclamé Reverend Beat Man. Voila de quoi poser le personnage.
Ce nouvel opus, Broken Words With Rhythm And Poetry se présente comme une émission de radio consacrée à l’œuvre poétique du Reverend Beat Man. Après une intro façon Radio Show fifties, le Reverend tente de prendre possession de notre esprit avec "I’m In Your Brain". Textes déclamés à la manière de l’intro de films comme Conan le Barbare sur un fond musical de série Z de science fiction… Pas de doute, le Reverend Beat Man est bien complètement barré.
Fidèle à sa paroisse du Blues Trash, le Reverend n’hésite pas à mettre en musique, blues trash of course, "The 10 Commands Of The Blues Trash Church". Les tables de la loi du Reverend nous servent la recette de la composition d’un bon morceau de blues trash. Le Reverend initie donc les fidèles sans que ceux-ci aient à vendre leur âme au diable comme a du le faire un illustre ainé au coin d’un carrefour en Louisiane.
Avec des titres comme "I Can See" ou "Man"», le prêcheur se consacre plus à la musique de «one man band» qu’il a l’habitude de pratiquer ces dernières années. "Crash 84" se pose comme un vieux blues trash au son lo-fi avec une guitare qui cisèle des riffs pleins de fuzz le tout dans une ambiance cryptique. Du bon vieux blues énervé à la façon d’un Jon Spencer menant son Blues Explosion. Diablement bien foutu. Mais attention, si vous vous penchez sur les paroles, c’est trash au possible. Second degré quand tu nous tiens… En tout cas, on espère que c’est du second degré mais ce Beat Man est tellement barré… Hé ! Hé !
Sublimement perché, le poème "Green Eggs And Ham" permet au Reverend de nous livrer son aversion pour les précités jambons et œufs sur une orchestration minimaliste pendant six minutes. Va falloir du temps pour redescendre…
Et on n’est pas au bout de nos surprises. Le Reverend rend hommage sur cet album à un type encore plus barré que lui. Eh oui, c’est possible. Il nous déclame un lied sur Adolf Wolfli, artiste suisse donnant dans l’art brut. Il serait plus juste de le qualifier de dingue ayant inventé son propre alphabet, dessinateur ou encore compositeur d’œuvre difficilement accessible et accessoirement alcoolique et violeur, ce qui lui valu d’effectuer la majeure partie de sa carrière d’artiste en asile psychiatrique. Rien que ça.
On se quitte avec une dernière séance d’hypnose du Beat Man nous libérant de l’emprise de l’émission de radio dans laquelle il nous a entrainés… Putain, quel trip ! Ames sensibles s’abstenir… Pour les autres, vous rejoindrez la Blues Trash Church, c’est sur…
Pour les fans, attention, vous n’êtes pas au bout de vos surprises. Ce Broken Words With Rhythm And Poetry est le premier volet d’une collection à paraitre chez Casbah Records. Si les prochains volumes sont du même acabit, Ca promet !!!
