On aura été bien gâté le mois d'Avril dernier, car après les superbes sorties de Mac Demarco et Timber Timbre, c'est au tour de Wye Oak de se faufiler dans ce cru de haute volée ! Et c'est tout de même une sacrée surprise, car si Wye Oak a su se montrer intéressant, voire efficace de temps à autre, on était loin d'imaginer le duo capable de surmonter son statut de groupe sympa mais sans plus.
Il faut dire que le groupe a amorcé avec ce "Shriek" un sacré virage sonore. Si on reste bien ancré dans de l'indie, c'est maintenant plus vers l'électro pop que se tourne les américains. Bien leur en a pris de troquer leur guitare (il en reste des bouts) contre des pianos veloutés (oui, oui, comme le yaourt), de jolis synthés et une basse bien sexy; tant le résultat à l'oreille est agréable et envoûtant. On en a la preuve avec le titre d'introduction, le sublimissime "Before" qui est un véritable piège à cons pour tout auditeur égaré. Première écoute : "Oh, c'est pas mal, ça...". Deuxième écoute : "C'est vraiment bien, en fait.". Troisième écoute : "Encore ! ". Et c'est ainsi que votre serviteur s'est retrouvé le mois dernier à écouter le même morceau en boucle approximativement 465 334 fois (à vue de nez) jusqu'à ce qu'il se dise qu'il pourrait peut-être écouter le reste de l'album.
Ne vous inquiétez pas, le reste, je l'ai bien sûr écouté. La première chose qui frappe est d'ailleurs l'absolue cohérence de l'ensemble du disque. Il est agréable de sentir au travers d'un album une telle confiance, une telle conviction dans la musique que l'on propose. Wye Oak, groupe tâtonnant si il en est, semble avoir acquis une maturité et une assurance salvatrice tout en réussissant à se renouveler. On passe ainsi la majeure partie du temps transi dans ces sons cotonneux, ces chants susurrés et ces rythmes chaloupés, d'autant qu'on remarque vite les titres forts comme le single "The Tower" ou bien encore "School Of Eyes". La première partie de l'album est à ce titre un sans faute absolument jubilatoire. On se prend alors à rêver; serions nous en présence d'un futur incontournable ?
Si il y'a des titres forts, d'autres se montrent aussi bien moins convaincant, et c'est d'autant plus dommageable qu'ils se trouvent sur la deuxième moitié de la galette. "Despicable Animal" est un peu trop long, "Paradise" pas assez intéressant même s'il s'agit du morceau le plus énergique, et "Logic Of Colour" bien que tout à fait sympathique, n'est pas vraiment le titre idéal pour clore l'album. "Shriek" aurait donc pu se passer de quelques titres, voire de réarranger sa setlist afin d'en faire une œuvre vraiment passionnante de bout en bout.
On est d'autant plus désolé que le début, encore une fois, laissait présager un immanquable (pour de l'électro pop, hein!) et n'arrive qu'à être un très bon album, ce qui est déjà un exploit en soi. On est donc ravis de l'évolution du groupe, tout en espérant que le prochain opus soit une grosse tuerie. Nan, si il y'avait vraiment un gros reproche à faire ? Sérieux, les gars, c'est quoi cette pochette ?