En Norvège, on fait aussi du rock indé.
Le premier album du groupe, sorti en 2005, avait permis au groupe d'assurer la première partie des célèbres Dandy Warhols en 2006. Pour les amateurs de ce genre supersonique nommé shoegaze, le deuxième album était plutôt attendu.
Et comme le mythique dernier album de My Bloody Valentine semble ne jamais sortir dans les bacs (19 ans qu'on l'attend...), régalons-nous de la sortie de ce Abyss in B-minor.
Le morceau d'ouverture Ayisha Abyss est là pour nous rassurer : 7 minutes et quelques d'énergie électro-rock teintée d'atmosphère spatiale et progressive.
On est bien, on s'installe, on va passer un bon moment. Noisy dream psyche pop ?? N'ayons pas peur des étiquettes.
Dès le deuxième titre, la machine pop shoegaze se met en place. Le traitement des voix, des guitares rappelle l'heure de gloire de My Bloody Valentine, de Stereolab et consoeurs.
Avec une énergie très agréable, Serena Maneesh rend hommage à l'énergie noisy-pop qui traversa la fin des années 80. Il y a dans le jeu de batterie de Tommy Akerholdt quelque chose qui m'évoque tout de suite celui de Colm O Ciosoig, frappeur fou de MBV. On retrouve ces riffs singlants, tonitruants qui sont un peu la marque de fabrique de ce mouvement.
Au passage, "shoegaze" signifie regarder ses chaussures, en référence à ces guitaristes plantés devant leurs pédales d'effets, portés par les méandres de l'électricité.
On pourra toujours reprocher à ce groupe de ressembler à..., mais le plaisir que l'on prend à les écouter, à décortiquer le foisonnement d'idées qui peuplent leurs morceaux fait qu'on passera outre les références.
Prenons le morceau Melody for Jaana : il aurait très bien pu se retrouver sur Loveless, l'album ultime de My Bloody Valentine. Nous n'y aurions vu que du feu.
Toujours est-il qu'ils le font aussi bien que les maîtres du genre, et comme ces derniers ne daignent pas donner signe de vie, faisons le deuil et reprenons la route avec Serena Maneesh !
Un morceau comme Honeyjinx rappelle aussi d'autres références bien digérées, et laisse présager un avenir prometteur au groupe. Car il faudra amorcer le virage attendu, et révolutionner le genre. Serena Maneesh est de ceux qui ont le potentiel requis. Qu'on se le dise.
Ma note : 8,5/10