Qui se souvient encore de Guano Apes ? Sans doute les adolescents des années 1990 pour qui il fut difficile d'échapper à la surexposition du single "Open your eyes". Une surexposition à double tranchant, puisque si Fun Radio (qui passait encore du rock en ce temps-là) et consorts ont contribué à faire connaître le groupe allemand de par chez nous, celui-ci a sans doute été assimilé par pas mal de monde à un groupe pré-fabriqué, feu de paille qui s'éteindrait aussi vite qu'il s'était allumé. Ce qui n'est pas vraiment juste, vu que si les Guano Apes n'ont certes jamais été le meilleur groupe du monde, il s'agit d'un combo honnête qui n'économise pas sa peine et qui a profité du carton de son premier single sans pour autant recopier la même formule encore et encore. Au contraire, le deuxième album se montrait redoutable de puissance, avant que les musiciens ne se séparent après un 3e album toujours aussi sympa. Rien de transcendant, mais une belle petite carrière marquée par un deuxième album au dessus du reste.
Et puis en 2011, alors que personne ne les attendait vraiment, le quatuor décide de remettre le couvert avec Bel Air (2011), plus orienté pop, mais pas désagréable pour autant. Le groupe bénéficie toujours d'une grosse côte outre-Rhin et d'une base de fans dévoués dans de nombreux autres pays. C'est donc en toute bonne logique que Guano Apes poursuit son bonhomme de chemin et nous revient avec un nouvel opus intitulé Offline, qui sortira le 30 mai. Les musiciens ont évolué et ne sont plus des jeunes gens énervés, ce dont on avait déjà pu se rendre compte sur Bel Air. Ce qui ne les empêche pas de mieux démarrer cette fois-ci avec un carré de titres fort efficaces et énergiques. Le côté moins bourrin et très catchy est toujours là, mais l'évolution est mieux digérée et ces 4 premières chansons passent comme une lettre à la poste : Guano Apes a eu le temps de retrouver une certaine cohésion et, sans être fondamentalement différent de ceux de son aîné, ces nouveaux titres sonnent cette fois plus naturels. Ce Offline a un potentiel certain pour peu que vous appréciez le rock frais, direct et accrocheur qu'on peut écouter avec grand plaisir dans la bagnole. Ambition artistique assez limitée, mais plaisir d'écoute garanti grâce à de l'expérience, du savoir-faire et une alchimie retrouvée !
Mais forcément, ce serait trop beau s'il n'y avait pas un hic quelque part. On l'a dit, malgré tout leur potentiel sympathie, Guano Apes a toujours été un groupe qui sortait des albums un peu décousus, du genre qui contiennent des titres imparables, mais également d'autres qu''on prend l'habitude de zapper. Pas qu'ils soient véritablement pourris, juste sans grand intérêt. Et des titres de ce calibre, Offline en contient malheureusement aussi. Ainsi, même en faisant l'effort d'apprécier l'aspect parfois un peu formaté radio (rien de trop grave), la mélodie trop sucrée de "It's not over", malgré une instru qui monte en puissance le long du titre et un break sympa mais sous-exploité, ne manquera pas de faire grincer quelques dents. Sachant que ce titre arrive après un "Cried all out" déjà un peu limite... L'album souffre en effet du syndrôme "ventre mou". Un peu dommage, surtout que les titres suivants relèvent le niveau (notamment cet excellent "Jiggle" écrit en collaboration avec le groupe de fusion Sola Plexus et son gros sample arabisant + break rappé).
Cela étant, vu le style pratiqué, pas la peine de chercher midi à quatorze heures non plus : Offline reste largement recommandable, un bon album de 35 minutes à tout casser, 10 titres directs et accrocheurs, réalisés sans génie mais avec soin et passion, efficaces, accrocheurs... Alors autant en profiter. Guano Apes ne surpassera sans doute jamais le redoutable Don't give me names (2000) et ne confirmera jamais complètement les espoirs qu'il avait fait naître, mais faut-il lui coller un procès pour autant ? Après tout qu'importe, c'est toujours sympa d'avoir de bons albums énergiques, pas prise de tête mais bien réalisés pour s'éclater. Et dans ce registre, le groupe a encore de beaux jours devant lui.
