Yes au Grand Rex (13.05.2014)

Yes we Can


Les vétérans de Yes (45 ans d’existence au compteur) ont choisi d’organiser une tournée anniversaire, célébrant leur carrière et plus particulièrement les albums sortis dans les années 70. Et par chance, cette tournée s’arrête à Paris en ce 13 Mai 2014, dans la magnifique salle du Grand Rex. Alors que les tournées anniversaires sont aujourd’hui courantes (et lucratives), Yes a décidé non pas d’interpréter un album ou même deux en intégralité, mais bien trois ! Ce sont en effet les classiques The Yes Album et Close to the Edge (leur meilleur album selon certains) ainsi que le plus mésestimé Going for the One qui sont mis à l’honneur ce soir et qui font office de machine à voyager dans le temps pour les spectateurs parisiens.

La carrière de Yes est d’ailleurs retracée à travers un petit film d’introduction (accompagné de "l’Oiseau de Feu" de Stravinsky) qui fait défiler pochettes d’albums, affiches de concerts et photographies du groupe.

Alors que Yes a souhaité mettre en avant sa facette la plus progressive (exit les horreurs commerciales estampillées années 80 telles que "Owner of a Lonely Heart"), il en profite également pour présenter son nouveau chanteur, suite au départ de Benoit David. Le nouveau venu, Jon Davison, vingt ans de moins que ses compères, montrera toute l’étendue de son talent vocal en commençant par l’interprétation de l’album Close to the Edge.

Yes attaque les choses sérieuses avec en guise d’entrée "Close to the Edge". Ce morceau d’une vingtaine de minutes concentre la quintessence de l’esprit Yes des années progressives. L’interprétation de ce titre est magistrale, tant vocalement (Jon Davison possède un timbre de voix tellement proche de celui de Jon Anderson, son illustre aîné, que le mimétisme est frappant voire déroutant) qu’instrumentalement. Geoff Downes, qui a récemment réintégré le navire Yes, se lance dans des joutes instrumentales avec son compère guitariste Steve Howe, dont le toucher de guitare jazzy complète à merveille les influences classiques du claviériste. Et si les sceptiques diront que Yes n’est plus Yes sans Anderson et Wakeman, les deux remplaçants n’entachent en rien la légende, bien au contraire. Et que dire de Chris Squire, le patron du groupe ? S’il est aujourd’hui le seul membre à n’avoir jamais quitté Yes, sa carrure ainsi que son attitude scénique imposent le respect. C’est simple, cet homme transpire le charisme malgré ses 66 ans. Plus discret, mais néanmoins présent derrière sa batterie, Alan White, batteur du combo depuis 1973, envoie des rythmiques élaborées avec finesse et subtilité.


Chris Squier ne se contente pas de quatre cordes.

Le son est cristallin et permet d’apprécier les magnifiques compositions dans leur ensemble, comme ce "And You and I" magnifié par l’interprétation de Jon Davison. Yes n’a pas volé son qualificatif de groupe de rock symphonique tant les claviers de Geoff Downes envoutent le spectateur. L’interprétation de Close to the Edge se termine avec un "Siberian Khatru" qui met en avant la facette la plus rock du groupe, et qui fera d’ailleurs une bonne transition avec l’album suivant, Going for the One, également très rock dans l’esprit.

Alors que le groupe ne communique pas durant l’interprétation d’un album, Chris Squire et Steve Howe profitent de l'interlude entre Close to the Edge et Going for the One pour blaguer avec le public. Les deux musiciens tiennent la barque avec force et n’hésitent pas non plus à ponctuer les morceaux de leurs chœurs, toujours très justes.

Going for the One n’est peut être pas l’album préféré des fans du groupe, mais force est de constater que le jugement porté sur celui-ci est à revoir, ce dernier contenant de très beaux moments, tels "Awaken" d’une durée avoisinant les 20 minutes et présentant l’aspect le plus planant du groupe, très prog. Ce morceau permet d’ailleurs à Geoff Downes de s’illustrer avec un solo différent de celui de Rick Wakeman sur ses précédentes interprétations, alternant sons d’orgues et claviers analogiques, le tout suintant les influences classiques du Monsieur.

Steve Howe
 

A la fin de ce morceau, le groupe s’éclipse pour un entracte d’une vingtaine de minutes, avant de revenir pour le dessert, à savoir The Yes Album en intégralité. Cet album, contenant son lot de « tubes » tels "I’ve Seen All Good People" ou "Starship Troopers" est très attendu par les fans. C’est sur "Yours is No Disgrace" que Yes revient sur scène après la pause. Ce morceau montre à tous les amateurs de prog présents dans la salle, à quel point Yes a pu être une influence pour des formations comme The Flower Kings ou Transatlantic.

Steve Howe s’illustre ensuite en solo lors de "Clap", joué sur une guitare acoustique et permettant au guitariste de mettre en avant sa personnalité s’inspirant du blues, du jazz ou du skiffle. L’enchainement "Starsphip Troopers" et "I’ve Seen all Good People" voit le public, jusque là tranquillement assis se lever et faire une standing ovation sur le solo de Steve Howe ("Starship Troopers"). Le guitariste alternera encore entre guitare électrique, acoustique et mandoline, pendant que Chris Squire (les cheveux dans le ventilo à la manière de Steve Vai) arpentera la scène de long en large.

Après plus de deux heures et demi de concert, la soirée touche à sa fin. En guise de rappel, Yes revient interpréter le classique "Roundabout". La salle entière est debout pour faire un accueil plus que mérité à Yes, qui ne semble pas subir le poids des ans et gâte son public.

Steve Howe, Geoff Downes, Jon Davison, Alan White et Chris Squier ont gâté leur public pendant presque trois heures

Cette soirée a fait office de véritable machine à voyager dans le temps, avec des musiciens impeccables d’un point de vue de l’interprétation, un son excellent de la part des techniciens du Grand Rex et surtout une bonne humeur communicative. Le choix des albums interprétés a permis de redécouvrir les classiques du groupes, tout comme les morceaux les moins connus, pour une soirée placée sous le signe du prog. Espérons que Yes revienne vite sur nos terres, avec cette fois ci Heaven and Earth le nouvel album (à paraître en Juillet) à défendre.

Setlist Yes

Close to the Edge
And You and I
Siberian Khatru

Going for the One
Turn of the Century
Parallels
Wonderous Stories
Awaken

Yours is no Disgrace
Clap
Starship Trooper
I’ve Seen all Good People
A Venture
Perpetual Change

Roundabout

Photographies : Watchmaker
Un grand Merci à Elodie Jouault et Elodie Briffard de HIM Media.



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