Trente ans que ça dure, trente ans que Mark E. Smith fait tourner la machine, trente ans que The Fall sort des albums à un rythme qui défie toute concurrence. Il va falloir m'expliquer comment ça marche, parce que logiquement ce énième album ne devrait pas avoir grand intérêt.
Et pourtant, et pourtant...
Nous avons donc l'honneur, en cette année 2010, d'accueillir le 28ème album studio de The Fall.
Il fut un temps au début des années 80 où l'on se devait de choisir un camp : vous étiez du côté des Smiths ou du côté de The Fall, mais pas dans les deux.
Ce temps-là n'existe plus. Car the Fall est une entité à part entière, capable du pire comme du meilleur (et que les Smiths sont morts depuis longtemps...). Et qui survit avec une énergie presque douteuse.
Il suffit d'écouter l'intro de "Hot cake" pour n'en point douter : l'âme du rock continue de planer au-dessus des anglais.
On trouve comme souvent chez eux quelques incursions expérimentales qui permettent à la voix si caractéristique de Smith d'envouter son auditoire par quelques psalmodies dont il a le secret.
Et lorsqu'il faut y aller, les compères de papy Smith y vont.
Rien que le premier morceau (avec sa fioriture synthétique qui ressemble à un clin d'oeil) vous rassure tout de go. Les amateurs de rock hypnotique et décadent vont être comblés.
On comprend d'ailleurs, si l'on en avait pas encore la certitude, à quel point ce groupe a pu influencer une énorme partie des scènes indé, de Sonic Youth à LCD Soundsystem, de Pavement à Art Brut.
Tout l'art de cet album est d'allier énergie rock n'roll (YFOC/slippt floor) avec mélancolie trompeuse (Weather report 2), efficacité bruitiste et rythmiques infernales. Lorsqu'un tel groupe (aux changement de line-up quasi constant) continue de séduire avec autant de facilité, je vous le dis, il faut le chérir et le porter aux nues.
Ma note : 9/10