Syd Matters à  Metz: 2 euros la bière.

Quoi ? Syd Matters passe à Metz ? Et c’est 10 euros ? Depuis longtemps, je guettais les dates de l’artiste mais jamais rien dans la région. Cette semaine, un ami me prévient et je saute donc sur l’occasion.

Je ne connaissais pas l’adresse du café-concert... De mémoire, ce lieu était un café de quartier avec quelques ivrognes résidents. En consultant leur myspace, je découvre que c’est un vrai lieu de musique avec une programmateur qui se donne du mal pour proposer des concerts à prix dérisoire voire gratuit.

Je passe la porte.... et me rends compte que, oui, effectivement, c’est un bar à ivrogne, à un détail près: il est actuellement en travaux. Pas de panique, il y a un écriteau qui dit «Même pendant les travaux, les concerts continuent».

10 euros, c’est pas cher. 2 euros la bière, c’est vraiment pas cher.
D’ailleurs, un bonhomme qui se maintient à l’aide du bar a l’air d'avoir bien rentabilisé. Il tient quasiment debout et doit argumenter (à 19H50) pour obtenir un nouveau verre. En effet, le serveur doit se dire la même chose que moi: il va falloir faire cohabiter ce soir les habitués qui ne sont pas forcément venus pour la musique et les fans de la douce musique de Syd Matters, qui ne sont pas forcément venus pour la bière tiède. A propos, mon voisin demande au barman «un glaçon dans ma bière steuplé.. elle est pas fraîche...»

Courageux, je commande une pression.

La salle se remplit peu à peu... et ça commence à énerver les «locaux». «Ca va êt’ blindé c’soir... C’est qui l’gars qui chante ?»

En fait ce soir, Syd Matters est accompagné de Thos Henley et le groupe «My girlfriend is better than yours». Le collectif fait une tournée de 15 dates en mai/juin dans des lieux insolites: une chapelle, une ferme en Belgique... et ici ce soir.

Les groupes se mélangent tout au long de la soirée mais il y a quand même un semblant de première partie. Thos Henley commence seul avec sa guitare. C’est très agréable. Sa voix aiguë et douce fait penser à celle de Jeff Buckley. On commence à être serré dans ce petit café et l'ambiance devient chaleureuse. Les gens adhèrent à la musique de Henley.

Le deuxième groupe est un vrai bordel.

Les gens continuent d’entrer. Je suis toujours au bar et un nouveau client pas franchement amateur de musique vient de s’installer. Il n’a pas trop compris pourquoi il a dû débourser 10 euros pour entrer dans un bar...
Le mec est bourré, il sent le ferment.
Il est énervé.

Je m’étais un peu laissé bercer par la musique mais l’odeur que dégage mon voisin vient de me réveiller. Je regarde autour de moi et je me rends compte que quelque chose cloche. Je suis du mauvais côté de la pièce. Je suis à un mètre de la pompe à bière.

Je commence à flipper. Il y a des mecs avec des cicatrices, des pansements. Sûrement des stigmates de la bagarre générale d’hier soir. Et le café qui est en travaux? Ils auraient tout pété hier ?

«Putain c’est mou...»

Oulah. La tension est palpable. Ce concert va partir en salade de dents cassées sauce nez qui coule.... J’imagine mon voisin, tabouret à la main, avoinant copieusement une innocente victime dans la foule...

Dans la bande de musicien, je reconnais Jonathan Morali de Syd Matters. Enfin, je commence à me demander si ce n’est pas en fait Gustave Kervern qui va nous faire le sketch des cinq fruits et légumes de Groland.

Syd Matters commence à jouer. C’est impressionnant. Même en condition extrême, le chanteur est capable d'envoûter toute la salle avec sa voix si particulière.
Le groupe présente des nouveaux morceaux de son prochain album qui sortira fin Aout. Les quelques morceaux entendus me rendent très optimiste.

C’est planant, c’est doux... On est transporté. Je regarde Monsieur Matters et j’ai l’impression qu’il joue et chante pour moi... J’en oublierai presque les commentaires avisés de mon entourage:

«Gamin...! Tu m’en r’mets deux steup’ ? Merci grand!»
«Encore un p’tit coca steuplé. Avec un p’tit adjuvant hein ? HAHAHAHAHA!»

D’ailleurs... je crois qu’ils commencent à fermer leurs gueules.
Le pochtron peut aussi être touché par la grâce.

Ce fut un très bon concert.

Bon. Blague à part. Qu’on ne se méprenne pas.
J’encourage tout le monde à aller écouter de la musique à l’émile vache à Metz. Les cafés sont les derniers lieux sur terre où les gens de tout bord se mélangent. Si en plus ça devient un lieu culturel (concert, expos), c’est la cerise sur le gâteau.
De plus, l’équipe est plus que sympathique. Consultez leur programme et profitez.



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