Ben Vaughn – The Desert Trailer Sessions

OK... Je plaide coupable. Je n’avais jamais écouté Ben Vaughn avant de recevoir la dernière livraison du label Kizmiaz. J’en ignorais même l’existence. Un rapide coup d’œil sur le pédigrée du mec ; les références sont élogieuses. Depuis 1983, en groupe ou en solo, le bonhomme envoie un mélange de rock, folk blues mâtiné d’influences garage. Egalement producteur pour le label Elektra, il a remis au gout du jour des gars comme Charlie Feathers, précurseur du rockabilly et grand inspirateur des Cramps. Plus récemment, il a aussi travaillé pour les B.O. de séries télé comme That’s 70’s show. Toujours un pied dans le rock ‘n’ roll.  Plus récemment le natif de la région de Philadelphie a aussi travaillé avec les Straitjackets ou encore l’immense Barrence Whitfield. Ca pose un peu le personnage.

Quand il travaille seul, le gars aime bien s’isoler.  Il a même poussé le vice à enregistrer un de ses album mythique Rambler 65 intégralement dans sa voiture, une Rambler, voiture américaine issue de petites entreprises locales, d’où le nom de l’album. Aujourd’hui, Ben est tranquillement installé dans le désert Mojave, distille une émission de radio hebdomadaire sur le web et il lui arrive d’enregistrer seul dans son camion. The Desert Trailer Sessions est le fruit de ses efforts solo. Voyons de quoi il retourne.

L’album se présente sous la forme d’un recueil de démos acoustiques. On sent l’esprit country blues des les premières notes. Des le départ, on se retrouve embarqué dans un road movie musical dans le désert. La pochette montrant la caravane de Ben Vaughn stationnée en plein milieu du désert pose les bases de notre rêverie.
 

Ben Vaughn The Desert Trailer sessions
 

 

"Two Miles Road", country blues d’inspiration Johnny Cash au niveau musical, nous propose la première virée dans l’univers du monsieur. On l’imagine bien, seul, dans un coin de désert, nous balançant son blues gorgé d’émotions. B.O. parfaite pour un film de Rodriguez ou Tarantino.

“Ain’t Gonna Walk In The Shade”, au tempo plus élevé, pourrait faire penser aux débuts de Johnny Cash pour Sun Records à part que là, Ben Vaughn n’a pas besoin de complices pour tout faire. Ce morceau à la patate d’un "Cry Cry Cry".

Encore dans la tradition Johnny Cash, "My Mind Ain’t Right" sonne comme le "Folsom Prison Blues" de Ben Vaughn. Johnny nous expliquait comment il avait tiré sur un gars, juste pour le voir mourir. Ben nous explique que son esprit ne tourne pas rond. Faut-il avoir un grain pour faire ce style de musique ?

Avec "Ferris Wheel" encore, on retrouve le phrasé de guitare des country men. La comparaison avec l’homme en noir est plus que jamais d’actualité dans ce morceau. En tout cas, les compositions sont variées et on ne se lasse pas tout au long de la grosse demi-heure que dure ce Desert Trailer Sessions.

Un peu plus “rock” si j’ose dire, on s’attaque à "Darlene". Le morceau est construit comme un boogie blues mais exécuté comme le reste de l’album avec une guitare acoustique. On a l’impression de partager les sentiments de Ben Vaughn avec une facilité déconcertante. L’album est super facile d’accès. On ne s’ennuie pas une seconde. On reste dans le même esprit avec "Lovers Leap". On est ici dans les morceaux un peu plus rock que les pionniers du genre n’auraient pas reniés.



Un petit aperçu de l'oeuvre de Ben Vaughn en version électrique...
 

"When Free Love Reigned", bâtie autour de quelques accords de guitare, permet à Ben de nous monter l’étendue de ses capacités vocales ainsi que sa facilité à installer une ambiance et à nous entrainer dans un univers grâce à un minimalisme épuré qui donne de la force et de la sincérité aux textes.

Plus country, "Self Pity" sonne plus "Amérique profonde désabusée". Les arpèges peuvent faire penser aux albums intimistes de Bruce Springsteen lorsqu’il nous évoque sa vision du monde. Une belle référence. Dans ce registre plus personnel, "Waiting Game", mid tempo se pose comme un folk plus lent et plus triste. On se rapproche des productions de Harlan T. Bobo pour le label Goner.

“Love Leave Me Alone”, ballade triste à la "It Ain’t M Baby" de Bob Dylan (mais aussi reprise par Johnny Cash), apporte une note sensible pour clôturer un album finalement haut en couleur et varié. Une belle réussite.

Ben Vaughn mélange pas mal de choses dans ce Desert Trail Sessions. C’est en tout cas un album super agréable, d’un accès très facile. On retrouve du blues, des folk songs, une guitare acoustique tranchante et précise, sans fioritures et une voix chaude et accrocheuse qui nous amène dans son sillage découvrir les profondeurs de l’âme humaine. Une très belle découverte. Merci Kizmiaz.

 

NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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