Après le superbe West Ryder Pauper Lunatic Asylum et le non moins réussi Velociraptor !, le groupe de Leicester a fait son retour tant attendu dans les bacs le 9 juin dernier. Tout de rose vêtu (« le rose c’est beau, c’est punk et puissant » affirme Serge Pizzorno), ce cinquième album s’intitule tout simplement 48:13. Vous l’aurez bien compris, il s’agit de la durée du disque. Une couleur déconcertante, des titres aux noms simples et directs, tout cela est un parfait reflet de ce qui vous attend. Produite par Serge Pizzorno lui-même, cette galette est une nouvelle phase dans l’ère Kasabian.
Kasabian avait annoncé qu’il voulait créer le rock du futur. Eh bien le pari est peut-être réussi. On ne sait pas si le rock ressemblera à cela dans quelques années, mais en tout cas, la bande est sortie des sentiers battus pour se forger un nouveau son. Ce rock barbouillé à plein régime d’électro sonne en effet très futuriste. La touche Kasabian est toujours là, mais l’univers du groupe a bien changé. Et quand on parcourt le net, on constate que ce disque a laissé un goût amer chez de nombreuses critiques. Mais les membres de Kasabian vous répondront qu’ils aiment se faire détester des critiques. Pourtant, une fois que l’on s’est imprégné de cette nouvelle ambiance délivrée par le quatuor, on réalise qu’il y a des choses bonnes et intéressantes.
Force est de constater que ce disque regorge de tubes. La bande sait toujours comment confectionner des titres à l’efficacité redoutable. A commencer par « Eez-Eh », premier single tiré de l’opus. Un titre électro-rock dansant, pour faire la fête, sans se prendre le chou. Kasabian prend une totale liberté à mélanger diverses influences. Le génial « Doomsday » en est un bel exemple avec son côté pop, ses résonnances ska et ses distorsion de claviers. Entre « Bow » et ses synthés enivrants, « Bumblebeee » et son refrain explosif destiné à faire jumper les foules, « Clouds » et ses riffs incisifs ou l’électrique « Treat » et sa basse acérée, le groupe fait varier les ambiances avec aisance. Le point d’apothéose de la galette arrive dès la troisième piste avec le grandiose « Stevie ». Un titre majestueux embelli par des cuivres.
S’il y a de nombreux éléments ayant tout pour nous enthousiasmer, il faut reconnaitre que 48:13 est un peu inégal. A commencer par les trois interludes. Bien que « (Levitation) » avec ses accents west folk est un petit régal, ces ponts viennent inutilement casser le rythme. De son côté, le titre « Glass », qui aurait pu être une divine ballade aux accents froids et psychédéliques, est gâchée par la partie finale interprétée par le rappeur Suli Breaks. L’album se conclut avec la ballade folk « S.P.S ». Pas si mauvais, mais un peu niais pour un groupe comme Kasabian. De plus, ce titre ressemble un peu à une pièce rapportée.
Sur cet album, la formation dénonce la situation du monde actuel (« Save Me From This World »). D’ailleurs la pochette est censée être un doigt aux critiques et à l’industrie musicale. Des paroles délivrées par le couple vocalique Tom Meighan /Sergio Pizzorno, avec un Pizzorno prenant de plus en plus d’importance en tant que chanteur. Expérimenter, se faire plaisir, ne pas tenir compte de l’avis des autres, tel à été l’état d’esprit de Kasabian sur ce disque. En élargissant sa palette, le groupe a sûrement aussi voulu élargir son public. On peut regretter les Kasabian qui chantaient « Shoot The Runner » ou « Fire ». Mais cette reconversion partant toujours plus profond dans un répertoire hybride a son charme. Le groupe pousse la création musicale toujours plus loin. Il a le mérite de sortir de sa zone de confort et de faire évoluer sa personnalité. Au final, c’était un bon risque à prendre.
Il y a au moins une chose sur laquelle on peut tous se mettre d’accord, le groupe a su créer des hymnes taillés pour les stades. Que l’aime ou pas, aucun doute que cet album fera des ravages en live, même sur les plus réticents d’entre vous.
Tracklist:
1. Shiva
2. Bumblebee
3. Stevie
4. Mortis
5. Doomsday
6. Treat
7. Glass
8. Explodes
9. Levitation
10. Clouds
11. Eez-Eh
12. Bow
13. SPS