Sorti en mai dernier, Easy Pain est le quatrième album du groupe américain Young Widows. Un nom de groupe, et j'espère que vous en conviendrez, pas particulièrement fun; ce que le trio prouve aisément avec cet album.
Adorateur de groupe rock aigri et rêche, bienvenue dans votre royaume. Point de mélodies ciselées, ou de single bien prédéfini, non, clairement Young Widows est un groupe qui tire la gueule (de bois). A situer quelque part entre le stoner et le le noisey, l'album a un petit arrière goût de Stooges de la grande époque pas désagréable. On peut donc alterner avec des titres assez bourrins (Doomed Moon) et d'autres pistes plus introspectives (In My Living Room) même si le son ne change pas spécialement au fil de la playlist. En définitive, le groupe s'intéresse non pas à un éclectisme forcené mais plutôt à un jeu constant sur l'intensité. Young Widows semble d'autant plus à l'aise dans ce jeu que le groupe à une identité (et après quatre albums, ce n'est pas surprenant) qui lui est propre.
Encore faut-il accrocher à cette identité, et ce n'est pas chose facile. A l'instar d'un Mnemotechnic ou bien d'un Helium Horse Fly, le trio ne cherche pas à plaire à tout prix. Alors, oui c'est une posture rock n' roll tout à fait louable, si ce n'est qu'il faut quand même que ça tabasse bien derrière; car l'important n'est pas tant de frapper que de frapper juste, et c'est précisément à ce niveau que Young Widows peine à faire ses preuves.
Porté par une musique un chouïa bruitiste et répétitive, des riffs corrects mais sans plus, un jeu de batterie par moment très minimaliste (qui s'il ne correspondait pas à un code du genre pourrait passer pour un sacré manque d'inspiration!), le groupe n'arrive jamais à convaincre totalement, et après quelques écoutes, on a fortement tendance à passer de la curiosité à une relative indifférence. Alors, que faire ? Fallait-il essayer de composer des chansons un peu plus attrayantes mais aussi plus formatées, ou bien s'enfoncer dans un délire bruitiste encore plus imperméable ?
La réponse à cette question ne se trouvera de toute façon pas dans cette chronique (mais vous le saviez, ça, hein ?). On espère simplement que Young Widows arrivera un jour (au prochain album, quoi) à nous attirer pour de bon dans son univers tourmenté.