Karma To Burn – Arch Stanton

Ca fait un bon moment qu'on se demande si Karma To Burn va parvenir à relever la barre. Après avoir sorti des albums devenus archi référentiels dans un genre aussi couillu que le stoner instrumental, le trio ne savait manifestement pas trop quoi faire pour se renouveler. Après un dernier album (V pour ne pas le nommer) assez décevant, le trio a fait peau neuve. Le guitariste est le seul rescapé, puisqu'après le départ du batteur Rob Oswald en 2012, ce fut au tour de l'emblématique bassiste Rich Mullins de mettre les bouts l'année dernière. Ce Karma To Burn nouvelle version nous revient donc avec son 6e effort studio (sans compter les live et nombreux EP), destiné à redorer son blason et montrer qu'on peut faire du rock de bûcheron instrumental et aller de l'avant après pas loin de 20 ans de carrière. 


karma to burn, arch stanton, 55, 57, 2014, will mecum


L'album démarre d'ailleurs de la meilleure des façons : "57" (comme d'habitude, pas de titres, que des numéros) envoie le bois après avoir bien mis l'ambiance. Le départ des anciens membres est compensé sans difficultés : Rob Halkett a repris un son de basse qui alterne gros fuzz et frappes métalliques, pendant qu'Evan Devine ne se fait pas prier pour envoyer la sauce de derrière ses fûts. Visiblement, le changement a fait du bien à la formation qui a retrouvé une belle énergie, mais pas forcément toute son inspiration : le soufflé retombe un peu dès "56". Pas que le titre soit mauvais, le riff principal est même vraiment bien trouvé, mais le développement n'est lui pas à la hauteur, malgré un bon break. Surtout, on peut regretter que le son et la musique de Karma To Burn soient toujours plus sombres que par le passé. Le groove n'a pas disparu, il est juste moins marqué, moins fondamental. Faut croire que l'implication de Will Mecum dans Year Long Disaster a laissé des traces.

Heureusement, le trio a d'autres cordes à son arc. S'il y a bien une qualité qu'il faut reconnaître à Arch Stanton, c'est qu'il sait mettre l'ambiance (même si celle-ci n'est pas bien gaie) avec des intros lancinantes qui laissent la place à des riffs bien musclés et parfois bien trouvés. "53" fait un bien fou par où elle passe. Mais décidément, l'album a décidé de souffler le chaud et le froid, car "54" n'est elle pas aussi irrésisitble qu'elle aurait pu (dû) l'être. Il est tout de même dommage de voir que si Karma To Burn a globalement retrouvé la forme, il ne parvient plus à convertir toutes ses occasions. Le côté plus sombre n'explique pas tout, mais dans un genre aussi difficile et limité, il est bien possible que le trio ait déjà plus ou moins fait le tour de ses possibilités et ait déjà donné son meilleur.

Arch Stanton se montre combattif, voire assez rentre-dedans, et si cette envie d'en découdre et une énergie retrouvée permettent au groupe de proposer son meilleur album depuis un bon moment, il n'est pas non plus à la hauteur des Wild Wonderful Purgatory ou Almost Heathen, et les références appuyées au film Le Bon, la Brute et le Truand de Sergio Leone ne suffisent pas à totalement remporter la timbale. Car malgré de bonnes idées, tout cela manque de subtilité. Quoi, subtil, Karma To Burn ? Plus qu'on ne le pourrait croire, les parties de guitare notamment parvenaient toujours à proposer de petits arrangements pas piqués des vers, qui sefont rares. Or, si on peut espérer que ce nouveau line-up continue de se bonifier avec l'âge, il est en revanche beaucoup moins sûr que le combo retourne un jour à des ambiances plus légères, groovy et rock'n roll. A vous de voir si cette évolution vous convient.

NOTE DE L'AUTEUR : 7 / 10



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