The Antlers est à la base le projet solo du guitariste Peter Silberman, puis au fil des années et des sorties, a fini par devenir un vrai groupe à part entière dont le dernier effort en date est donc "Familiars".
Post-rock, rock indé, jazz ambient, shoe-gazing; pas facile de classer le groupe dans une case bien définie, non pas que leur musique soit d'une originalité folle, mais force est de constater que l'éventail des influences affichées par le groupe lui permet de ne jamais tomber dans le cliché (ce qui est évidemment un bon point.) On se retrouve donc face à un mélange réussi de styles différents, sans que jamais la cohérence de l'album ne soit mise à mal. Je vais encore une fois faire grincer des dents, mais oui, Familiars est avant tout un album calme, planant et atmosphérique. L'influence jazz (et j'entends par là plutôt du jazz moderne) se fait surtout entendre via la trompette fantômatique qui hante littéralement l'album, enrichissant les nombreuses vagues sonores. Ce premier mélange rappelle d'ailleurs ce qu'avait pu faire The Drift avec un album comme "Memory Drawings", à cela près que nous avons affaire ici à de véritables chansons, dont quelques unes viennent se nicher bien vite au fond de l'âme, comme la superbe introduction "Palace" ou la plus groovy "Hotel".
"Familiars" est à ce titre réellement propice à la contemplation, le groupe semblant avoir tout mis en œuvre pour nous plonger dans une sorte de transe exquise. Voix suave, presque susurrée, basse somnambulique omniprésente et rythme chaloupés, rien ne manque dans ce qui pourrait ressembler à du Pink Floyd cru 2014. Car c'est effectivement dans un univers que nous plonge sans mal les Antlers, un peu aussi à la manière d'un Sigur Ros ou bien de My Morning Jacket. S'il fallait faire un reproche, ce serait dans la monotonie de l'ensemble. Si le groupe sait de quoi il parle, il est un peu difficile de rester accroché tout le long de l'album. A force de vouloir être trop vaporeux, on finit par ne plus saisir rien du tout; ce qui est tout de même foutrement dommage. Nous ne pouvons alors que contempler l'ombre d'un fantôme face au soleil. Ebloui, certes, mais un peu perdu aussi.
Ceci étant dit, pour ceux qui ne craignent pas de se jeter dans de la méditation musicale, "Familiars" leur est chaudement recommandé. A cette occasion, n'oubliez pas d'amener votre thé vert et de prendre la position du lotus, après tout, même une séance de Yoga a ses petites règles.