Depuis quelques années, il faut bien reconnaître qu’on a droit à une pelletées de groupes qui revendiquent le « revival 70s ». Pour ma part, je n’ai jamais véritablement compris l’intérêt de cette démarche. Qu’est-ce que le rock’n roll ? Jouer les moutons et se contenter de refaire ce qui a déjà été fait en mieux ailleurs ? Ou jouer les rebelles et faire son truc à soi ? Certes, la musique (et l’art en général) n’est jamais qu’un éternel recommencement, les véritables innovations sont très rares, et dans le fond il est bien normal d’avoir des influences. Encore faut-il parvenir à digérer ces influences, à s’en détacher pour proposer une musique un tant soit peu personnelle, ce que l’immense majorité des groupes de rock dit « revival » galère à faire (au contraire du rock garage par exemple).
Rival Sons était clairement dans ce cas de figure, et devait sa popularité moins à sa musique (pas mauvaise, mais déjà entendue 1000 fois) qu’à une succession de coups de bol monstrueux (ou un bon manager). Dès leur premier album, les voilà qui tournent avec AC/DC, Alice Cooper et Kid Rock. Pour se faire connaître et respecter aux USA (leur pays d’origine), y a pire ! Du coup ça marche, et voilà que tout le monde se les arrache, et qu’ils se retrouvent à jouer avec Judas Priest, Evanescence, Gene Simmons… Vu que les musiciens, s’ils ne proposent rien d’original, ne sont pas non plus des manchots, ils sont parvenus à créer un buzz sympa et réalisent des ventes substantielles. Voilà typiquement le genre de groupe qu’on a envie de détester. Pourtant, il faut bien reconnaître que leur 4e effort, Great Western Valkyrie, met la barre à un autre niveau.
Tout n’est pas parfait, mais ça y est, les Rival Sons sont parvenus à prendre juste ce qu’il fallait de distance avec l’influence des glorieux aînés pour que sa musique passe un cap. Certes, que ce soit au niveau du son, de la production ou du timbre bluesy et des tics de chant de Jay Buchanan, il est clair comme de l’eau de roche que le groupe a toujours les yeux largement tournés vers les incontournables des 1970s, Led Zeppelin ou Free en tête. Mais, mais, mais… Le groupe est aussi parvenu, on ne sait trop comment, à conserver ses éléments de prédilection et à les mêler d’une façon qui lui ressemble véritablement. En somme, le groupe a (enfin) digéré ses influences et réussit à s’en affranchir, de façon encore un peu timide certes, mais il était plus que temps ! L’ajout d’un petit feeling the Doors / boogie rock (« Good Luck », « Secret ») combiné à une force de frappe toujours très efficace, il n’en fallait pas plus pour que le groupe devienne crédible.
Ce plus de personnalité, ajouté à un grand savoir-faire en matière de groove et des compos très accrocheuses, est en effet l’ingrédient indispensable pour que Rival Sons parvienne véritablement à se démarquer et puisse potentiellement plaire à un plus grand nombre de personnes que les nostalgiques (et les incultes). Si toutes les compositions ne sont pas aussi irrésistibles les unes que les autres ("rich and the poor", bôf), les tubes que l’on se passera en boucle n’en sont pas moins nombreux : « Good Things » et son côté Big Lebowski, « Open Your eyes » et son gros riff hyper efficace, l’album reste de bonne tenue tout du long, termine sur une succession de 3 titres véritablement excellents qui virent au psychédélisme, et a le bon goût de revenir à un format plus court que son prédécesseur (10 titres pour un peu plus de 45 minutes) qui donne envie d’y revenir assez volontiers. Comme quoi si vous pensiez que ce groupe était une arnaque, vous avez des chances d’être surpris.