Les quelques extraits écoutés du second album de Volver, par le label I For Us Records, me faisaient un peu redouter une demi-heure de longues complaintes pour adolescentes en mal d'amour, mais il fut très agréable de constater que j'avais tort. En effet, si l'univers de Volver est tout de même habité par la mélancolie, les rythmes lents et lourds et des couplets lancinants, force est de constater que poésie, finesse et légèreté sont aussi au rendez-vous. Il est déjà remarquable pour une formation que l'on puisse parler d'un univers lui étant propre, mais c'est bel et bien le cas pour Volver qui s'illustre tout d'abord par son graphisme mais aussi par des sonorités claires et précises.
Il ne faut pourtant pas se fier à la seconde piste de l'album, «Bunker Hill », trop démonstrative et sur laquelle on remarque un petit côté Muse. Ce morceau nous rappelle aussi le premier album moins maîtrisé de Volver, Dancing With Tears, qui cependant était déjà sur la bonne voie. Car laissez moi vous en dire un peu plus sur le personnage, maintenant entouré de quatre autres musiciens, qui se cache derrière ce projet... Il s'agit de Jean-Pierre Motin, que certain connaîtront pour avoir travaillé avec des formations beaucoup plus brutes tel que Negate ou Jesus Project qui lui ont valu son statut de « gros dur ». Mais gros dur à fleur de peau comme le montre la vive sensibilité mêlée à une certaine pudeur se dégageant de cet album qui se démarque radicalement de ses précédentes expériences musicales. Le contraste est tel que je ne peux m'empêcher de vous le montrer sur le champ grâce à l'exemple de Negate :
"Summertime" de Negate, 2006
Volver, "Beautiful Sad Stories", 2014
Vous l'aurez constaté, le projet Volver est non seulement la preuve qu'un chanteur issu de l'univers métal peut se reconvertir dans une pop douceâtre, et ce avec talent, mais surtout que l'on peut exprimer de beaux et tristes sentiments tout en sobriété et finesse. Cependant, les origines beaucoup plus rock de cet homme à l'origine du projet se retrouvent dans quelques coins de la galette, comme par exemple sur «Fire » grâce à quelques riffs plus dynamiques et mises en valeur qui rendent le tout moins coulant.
Je finirai en m'attardant un peu plus longuement sur le troisième morceau de l'album, « In a Lonely ». Aérienne et soignée, cette piste prend son temps et se distingue par ses poignante envolées, musicales autant que vocales, conduisant ainsi l'émotion à son paroxysme. Mais tout de suite c'est « The Light Within » que nous allons écouter, piste que l'on sent la plus personnelle de toute, lourde ou envolée, puis plus rock, faisant vaciller l'auditeur sur son fil, celui de l'émotion.
Volver a donc relevé le pari d'une réalisation pleine de sensibilité mais aussi de retenue, expressive mais maîtrisée.
Tracklist :
Beautiful Sad Stories
Bunker Hill
In A lonely Place
Fire
The Light Within
What Went Wrong
In A Lonely Place (radio edit)
What went wrong (radio edit)
Bonne écoute !