Robert Plant – Lullaby and… The Ceaseless Roar

Ces dernières années, Robert Plant avait délaissé ce qui était peut-être sa période solo la plus marquante (qui a pourtant été de très haute qualité), à savoir les albums écrits et joués avec son groupe The Strange Sensation, qui voyait l'ancien chanteur de Led Zeppelin se frotter à des sonorités orientales et folk, tout en restant bien ancré dans le rock. Mais voilà que l'ex mégalomane devenu vieux sage part faire de la country avec Alison Krauss, avant de partir à la redécouverte de ses racines avec Band of Joy. Reste que cela fait très plaisir de voir Plant nous sortir la suite officieuse de Mighty Rearranger. Encore qu'officieuse,ça reste à voir : si le backing band a changé de nom, seul le batteur manque à l'appel, tous les autres ayant répondu présents. 

 


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Histoire d'assurer la transition avec son album précédent, celui-ci démarre sur une réinterprétation du classique "Little Maggie", issu du répertoire folk américain, déjà interprété par de très nombreux groupes et artistes, Bob Dylan en tête. Banjo et violon en folie, avec néanmoins des passages plus étranges, qui vont se frotter aux sonorités à la croisée de plusieurs chemins auxquelles The Strange Sensation nous avait habitués. Le 2e titre, "Rainbow", met quant à lui fin au suspense : percussions, ambiances feutrées, la voix douce et tranquille de Robert par dessus, et c'est parti pour un album de haute volée. Les sonorités orientales sont de nouveau de sortie, mais cette fois Plant et ses musiciens vont plus loin, et s'éloignent encore davantage vers des rivages inconnus. Les passages rock, qui assuraient un cadre de repères à l'auditeur, se sont encore raréfiés.

L'écoute de cet album se fait sans filet, il faut accepter de s'éloigner de sa zone de confort. Mais pour qui cherche un minimum d'originalité, quel plaisir ! Plant et ses hommes se font plaisir et élargissent encore les limites de leur horizon. "Embrace another fall" et son côté tragique aurait limite pu faire office de générique sur un James Bond, qui se serait de préférence passé dans le désert, car la rythmique est une fois de plus tournée vers l'orient. Il aura finalement fallu attendre le 5e titre pour qu'enfin débarque une guitare électrique. Le riff est minimaliste, mais habille magnifiquement l'ambiance de ce "Turn it up", qui renvoie un peu plus directement aux albums de The Strange Sensation. Le titre laisse la place à un couple de ballades, moins originales (tout en restant très agréables), mais qui laissent l'auditeur revenir tranquillement vers des terrains mieux connus. 

Pour autant, comme indiqué plus tôt, Lullaby and... The Ceaseless Roar fait la jonction entre Mighty Rearranger et Band of Joy. Le couple Banjo/Violon est de nouveau de sortie sur "Poor Howard", réinterprétation d'un titre du bluesman Lead Belly. C'est un fait, le côté très calme de l'album, s'il ne surprendra pas outre mesure qui a suivi la carrière de Robert ces 15 dernières années, pourra également finir par lasser l'amateur de rock pur et dur, quand les incartades folk ricain qui tendent vers la country risquent également de moyennement convaincre les réfractaires au style. Mais il s'agit là d'influences du chanteur, qui combine ici ce qu'il a appris et ce qu'il a redécouvert. Alors on n'aurait certes pas craché sur un peu plus de guitare, mais on est d'autant plus heureux de la retrouver sur les deux très bons titres qui concluent ce bien bel album. Et si on peut regretter que Mister Plant ne fasse pas preuve d'un poil plus de patate, il faut s'incliner devant la qualité de la musique du docteur Robert et de ses acolytes.

NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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