L'indie pop, pas facile de convaincre dans ce style. Imaginez un peu la tache qui vous attend, vous devez être à la fois abordable par le grand public et respectable pour tout hipster pointilleux et névrosé qui se respecte. Si les feux de paille se font légions (Il n'y a qu'à se pencher sur Sky Ferreira, une bonne chanson et... C'est tout!) d'autres (à l'instar des Tops par exemple) arrivent à réaliser ce grand écart musical. Qu'en est-il alors de Lowell ?
Lowell ? Kézako ? Eh bien, Lowell est le nom d'emprunt d'une jeune artiste de 22 ans, ancienne strip teaseuse, et qui vient de sortir son premier album intitulé "We Loved Her Dearly". Si le single "The Bells" laissait présager un album pop sympathique (dans la droite lignée d'un groupe comme Tennis), l'écoute du disque démontre que les choses sont plus compliquées que ça. Commencer par un titre qui dure plus de six minutes, dans le monde de la pop, même alternative, c'est plutôt couillu; d'autant que "Words Were The Wars" joue clairement dans un registre émotionnel fort, bref, il fait l'exact inverse d'une intro, mieux, il offre une chanson de fin en guise d'ouverture. On peut dire qu'il y'a de quoi titiller notre attention !
Et la suite ne déçoit pas. Alternant titres purement pop et catchy ("The Bells", donc) avec du plus musclé (Cloud 69) et de l'introspectif pur jus (I Killed Sara V.), Lowell semble être comme un poisson dans l'eau qui nage tranquillement sur des ondes qu'elle s'est elle même fabriqué. Une telle diversité de tons implique bien évidemment des influences multiples qui vont du rock à l'électro en passant par le hip hop, le mélange savamment mixé s'articulant surtout et avant tout autour de la voix. Une voix elle aussi multiple, parfois rageuse, parfois à peine esquissée, pouvant aller du murmure à l'explosion supersonique.
Petit problème néanmoins, si cette voix se tient, elle lui manque une réelle signature, ce qui passe bien quand on fait de la pop, mais qui est dangereux à long terme. En effet, comment reconnaître l'artiste ? Il est extrêmement important de pouvoir mettre un nom sur une voix, d'autant lorsque la musique reste somme toute assez générique. Autre point faible de l'album, trois titres nichés vers la fin de celui-ci ("I Love Money", "LGBT", "Tell Me What You Want Me To Do") viennent sérieusement gâcher l'écoute et brise littéralement l'enchantement.
Reste quand même trois quarts d'album très prometteur pour un premier essai qu'on espère voir transformé par la suite. Ah, autre chose que j'ai oublié de préciser, savez quelle est la nationalité de Lowell ? Non, vous voyez pas ? CANADIENNE !!!