Un indéfini graal. Après avoir passé quelques heures à retourner ce titre j'ai fini par abdiquer et me convaincre que ce n'était pas une contrepèterie, ou si ce nom contient un jeu de mots, je ne l'ai pas trouvé.
Enfin, on n'est pas là pour parler de ça mais pour trouver le Graal d'Oscar Nip (attention révélation : il se trouve selon eux «entre les courbes»). Quand on sait que les chansons de cet album ont en fait été écrites entre 92 et 95 (oui, 1992, le siècle dernier les enfants), on peut se dire qu'ils ont effectivement trouvé la potion de la jeunesse ultime, et ce doit être une solution de punk-rock anglo-saxon en intra-auriculaire. À moins que cette légende (laquelle, d'ailleurs ? Celle du Graal ou celle du groupe ?) soit inventée de toutes pièces...
Cet album, le cinquième du groupe, sortira le 26 septembre 2014. Les 12 morceaux qui le composent viennent d'un temps que les moins de ving ans ne peuvent pas connaître. Les membres fondateurs sont retournés en studio pour immortaliser ce condensé d'énergie exhumé, qui fournit 36 minutes intenses trop vite passées conduites par une batterie redoutable.
Si vous n'avez pas assisté à leurs concerts à l'époque, ou si vous n'avez pas une telle mémoire, Un indéfini graal vous secouera les oreilles et les cheveux dès la première mesure de basse de «Au plus près», dont les paroles parlent d'une hésitation absolument absente de la musique, sûre d'elle et de l'implacabilité de son rythme et ses accords saturés.
Pour un aperçu complet et instantané, penchez l'oreille du côté du «Dégoût», mais non ce n'est pas sale ; c'est un condensé de toute la diversité musicale que contient l'album, avec son intro acoustique, ses breaks aux sonorités de boite à musique toute mignonne et ses refrains énergiques dominés par la batterie qui te crie «Affole-toi !», à raison, ça décoiffe. Ah si, c'est sale, on n'est pas là pour faire la sieste, on veut voir des doigts qui saignent sur les cordes et de la sueur sous les bras. On pourrait même cogner dans «La face» si besoin est, oui juste comme ça.
Les amateurs d'énervement recherchant un chant toutefois sans postillons seront comblés, car Oscar Nip chante juste. Sinon, rendez-vous directement à la piste «Christie 66» pour pallier un éventuel manque de hurlements gutturaux sur lit de riffs bien tendus
Il est malheureusement à noter que ces Parisiens chantent en français, exploit rare, mais ils misent gros sur la musique, ce qui permettra à ceux qui préfèrent ne rien comprendre d'apprécier tout de même. Si cependant vous êtes plus touchés par le côté narratif, vous risquez de vous ennuyer, à moins d'être portés sur les haïkus.
En résumé, on a ici un album homogène, au rythme intemporel de punk-rock, nourri indubitablement de Sex Pistols et de Noir Désir, entre autres. Les compositions laissant la part belle à la basse et la batterie et ne contiennent plus du tout (pas encore en fait...) de sons électroniques comme dans leur précédent Le Clash de 2012. Si vous aimiez le style du groupe sur ses nouveaux morceaux, sachez simplement qu'il est ici plus brut, mais les Oscar Nip n'ont jamais eu l'air de s'assagir.
On retiendra de cet album rocailleux que les rockeurs sont de grand tendres. Sur 12 chansons, pas moins de cinq réclament des câlins (mais si !), que ce soit en se serrant, se frôlant ou se frottant. Le monde d'Oscar Nip doit être bien terrifiant pour qu'il réclame tant à être rassuré. Eh... ne vivrait-on pas dedans nous aussi ?
Retrouvez-les en concert :
26 septembre pour la sortie de l'album - Paris
17 octobre - Bayonne
18 octobre - Irun
15 novembre - Epinay