Revenu d'entre les morts, c'est presque le cas des Drums, qui après le désistement de deux de ses membres puis la mise en pause du projet semblait littéralement à bout de souffle. Fort heureusement, après un hiatus de trois ans, le noyau dur du groupe (à savoir Jonathan Pierce et Jacob Graham) a décidé qu'un simple duo était amplement suffisant pour enregistrer un nouvel album (qui sera dispo lundi 29 septembre). Et bien leur en a pris.
Car dès l'intro, on sent que les américains veulent farouchement faire table rase du passé pour mieux renaître sans pour autant renier leurs débuts orienté rock indé teinté de new-wave boudeuse. Ainsi, un titre comme "Magic Mountain" se prête parfaitement au jeu de la réinvention, qu'il faudrait plutôt qualifier de régénérescence. On sent bien par exemple que le chant de Pierce est habité comme jamais, tantôt rageur, tantôt fragile (Break My Heart); et que les compostions sont toujours en parfaite adéquation. Encyclopedia n'aura de cesse par ailleurs de brouiller les pistes dans le seul but de mieux nous piéger. On passe donc régulièrement de la chanson chaotique façon Gauntlet Hair (Face Of God) à la pop song délurée façon Darwin Deez (Kiss Me Again) ainsi qu'à la chanson lyrique que ne renierait pas Arcade Fire (There Is Nothing Left).
On assiste un peu au mélange des mélanges, à tel point qu'il est dur de coller une étiquette au groupe. Ce manque de repère ne nuit cependant en rien à la qualité de la musique ni même à la cohérence de l'album. Car malgré cette multiplicité de tons, on ne sent jamais de mise à l' écart et le disque, même s'il semble particulièrement affectionner les chemins de traverse, ne nous fera jamais l'affront du coup de la panne ou de la pause pipi intempestive. Au final, on se demande si les Drums ne viennent pas de poser une pierre sur l'édifice d'un renouveau du rock indé. Mais le véritable exploit d'Encyclopedia réside dans cette idée toute simple qu'il suffit de faire de la musique comme on l'entend pour transcender les genres et le temps.
En effet, et de son propre aveu, le duo infernal soutient mordicus son droit à la liberté de créer ce qu'il lui passe par la tête plutôt que d'être tributaire d'une mode ou d'un quelconque rendement économique. Une démarche, qui au delà d'être courageuse (qui a dit normale?) s'avère aussi être foutrement payante. Encyclopedia est un album racé, aventureux, viscéral, aussi efficace qu'il est délicat; une perpétuelle contradiction, une perpétuelle recherche mais sans jamais être une totale perdition.
Alors que dire de plus ? Sinon que l'album vaut plus qu'un détour, même mieux, que c'est un incontournable de cette rentrée, à n'en point douter !
