JC Rapin, P. Rondat et Nono Krief au Festival de Guitare de Nice (23.10.2014)

15ème édition de ce festival bien connu des puristes à Nice, amenant chaque année des passionnés de guitare puisque les têtes d’affiche, loin des artistes commerciaux qui passent en boucle sur les ondes, sont toujours d’excellents gratteux respectés des connaisseurs et des professionnels.

Cette année, l’association ADAMAS créée par Michel Mazza frappe fort d’entrée de jeu, ouvrant les portes du festival avec trois grands noms : Jean-Claude Rapin, Patrick Rondat et Norbert Krief. Chaque guitariste propose son set, accompagné de deux musiciens qui devront assurer tout au long de la soirée : Raphaël Schuler à la batterie et Fred Vinquant à la basse et au chant.

Festival Guitare Nice 2014

C’est JC Rapin qui se jette à l’eau le premier, proposant une intro en solo et des explications fournies sur des artistes qu’il reprend, eux aussi connus des mélomanes mais pas toujours du "grand public". Et ça, monsieur Rapin sait bien le faire puisqu’il est également journaliste spécialisé pour la presse gratteuse. L’homme aux chaussures rouges (assorties à sa Fender) est un guitariste de l’ombre. On n’entend pas forcément parler de lui à tout bout de champ, pourtant il a collaboré avec les plus grands (Robert Plant, Santana, John Mc Lauglin…). Et sur scène c’est la même chose, il s’assoit sur son tabouret en coin de scène, là où les spots ne pointent pas particulièrement (désolé du coup pour le manque de luminosité des photos), laissant la lumière pour les musiciens qui l’accompagnent. Souvent en totale impro, il revisite des chansons qu’on aurait presque du mal à reconnaître tellement l’écart est grand avec l’originale, comme « Yesterday » des Beatles hier soir, bluesy. C’est une leçon de musique qu’il nous propose, avec son historique, ses anecdotes et les détails inconnus qui font des morceaux ce qu’ils sont.

Jean-Claude RAPIN

Patrick Rondat, pour la deuxième partie de soirée, c’est une autre histoire. Là on passe carrément au guitar hero qui remplit son set de solos joués à la perfection avec des doigts qui courent sur le manche comme des fourmis grouillant sur un trottoir. Performance impeccable et sourire humble, ce qui ne gâche rien à la proposition de l’artiste. Le registre est plus métaleux et enflamme la salle remplie comme un œuf. Certains ne tiennent plus sur leur siège et se lèvent pour taper devant la scène leurs cuisses avec leurs doigts, la guitare les démange. Chevelure folle et lunettes, c’est à peine si on voit le visage du musicien lorsqu’il est concentré sur son alliée. Mais dès qu’il lève la tête, c’est pour remercier du regard ceux qui se sont levés et pour encourager les deux zicos qui le suivent. Humilité. Et c’est sur du Vivaldi (mouvement "Presto" de l'Eté des Quatre Saisons) que Rondat termine, épatant la galerie, muette d’admiration.

Puis avec un respect palpable, il annonce le prochain musicien : Norbert Krief, Nono pour les intimes.

Patrick Rondat

Nono, au départ, on l’a connu guitariste de Trust qui ne perdait pas spécialement son sang froid, lui, et musicien de Johnny sur une grande partie de sa carrière. Il est l’un des rares à être à la fois admiré du métier, des passionnés de guitare et d’un public plus vaste qui lui reste fidèle depuis des années. Au 2ème rang, deux gars, la quarantaine, disaient à une nana « je vous ai déjà vue sur tel et tel concert ». Les fans le suivent sur sa tournée, en sortant carrément du périmètre "région" et ne s’en lassent pas.
 

Peu étonnant quand on l’entend en live. Il arrive souriant, prend tout de suite le micro pour discuter avec son public, blague, échange… Et dès qu’il pose les mains sur sa guitare, ce n’est plus à un instrument qu’on a à faire, mais à une personne à part entière. On ne s’explique pas comment il réussit cette prouesse de faire parler sa six cordes. Ce n’est pas que de la musique, c’est un dialogue. Hier soir, après un cri de baleine en introduction, j’aurais presque entendu sa guitare lui dire « Heyyyyyyyyy, comment tu vas ? C’est sympa ici, viens on va se balader tous les deux ». Et là, réellement, on comprend pourquoi tant de gens aiment Nono. Il rend sa guitare vivante.
 

Contrairement à ces prédécesseurs vêtus d’un vieux T-shirt, c’est en chemise noir soyeuse que Nono joue. Du rock, du bon rock mélodieux et ressenti. A ses côtés, le batteur sourit. Il met tout le monde à l’aise et cette énergie positive transporte chaque individu présent ce soir.

Nono

Après quelques minutes de compos perso, il nous dit que comme on est en famille, il s’est permis d’inviter son ami. Tendant le bras en arrière, il appelle Pascal Mono, auteur-compositeur-interprète qu’il connait depuis une bonne quinzaine d’années. Le public venu écouter de la guitare ne boude pas ce grand moment, faisant même péter l’applaudimètre. Et pour cause, Nono & Mono sur du Led Zep (« Good Times, Bad Times » et « Immigrant Song »), ça aurait pu foutre le feu à la BlackBox tellement la température est montée. La maitresse de Norbert s’est trouvé une nouvelle copine : la voix de Pascal. Quelque chose se passe. Quelque chose de puissant. Les deux copains se renvoient la balle, échangeant des regards et des sourires complices. Mono chamboule les planches, relevant son pied de micro avec sa godasse, sautant à pieds joints sur l'estrade du batteur, s’accroupissant au bord de la scène pour y déposer ses tripes et tournant autour de Krief comme deux lions qui ont envie de s’amuser.
 

Les gars, si vous m’entendez, il y a quelque chose à ne pas lâcher là, votre collaboration est juste explosive !

Pascal Mono et Nono

Et pour clôturer cette belle soirée, Rapin et Rondat rejoignent Krief, toujours accompagnés de Raph et Fréd, assurant des riffs et des solos chacun à tour de rôle, dans des styles très différents, pour proposer des versions sacrément originales de morceaux revisités 3 fois en une. Ca c’est du bœuf comme on les aime !

Groupe

Tant qu’à y être, après un tonnerre d’applaudissements, Nono propose au public de rester. Ce n’est pas si souvent qu’on voit en fin de concert les artistes poser leurs instruments et descendre côté salle et pas côté coulisses, à la rencontre des spectateurs qui restent bien sûr en masse pour prendre des photos avec leurs idoles, faire signer leurs places de concerts, leurs albums, leur collection entière même, parlant avec l’un, avec l’autre, comme à la maison. Une bien belle soirée à l’image du festival et de son équipe, avec de vrais amoureux de la musique qui font du bien à ce métier. Big up !

Crédit photos : Flora Doin
 

Flora Doin


 



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