C.W. Stoneking – Gon’ Boogaloo

L’Australie, pays des kangourous, ç’est vrai… Mais pas uniquement… A coté des monstres sacrés du rock australien comme AC/DC (qui officiellement ne sont pas vraiment australiens d’ailleurs), le pays fourmille de déglingués nourris au blues… C.W. Stoneking en est une parfaite illustration.

Lorsque on veut décrire l’univers du bonhomme… on n’y arrive pas… On tente des rapprochements, une pincée de jazz ou swing des années 30, du blues, plein de blues, trash style Fat Possum c’est sûr, du blues plus classique, le tout saupoudré de choses plus personnelles. Je vous l’avais dit : « Inclassable »…

C.W. Stoneking sévit deuis 2006 dans des domaines éclectiques : un premier effort lorgnant vers le jazz, un deuxième en 2011 (en France, il a mis 3 ans à traverser les océans) puisant dans l’univers calypso et le revoilà avec ce troisième effort, Gon' Boogaloo… Changement majeur, le gonze a troqué ses pelles acoustiques contre une Fender Jazzmaster et s’est payé les services d’une chorale… Allons découvrir tout ça…

"How Long" sonne comme un vieux blues du Detroit. C.W. y maltraite un bout de bois, ça sonne lo-fi à souhait, ça donne un coté roots, relevé par de fines parties de slide. Une grosse caisse martèle le tempo et des chœurs viennent égayer de ci de là les pérégrinations du maitre de céans. Voila l’univers de C.W. Stoneking. Il hurle sa détresse sur le mode lo-fi. Ca colle avec le reste de l’album et ça tient la route grâce à la voix.
 

Pour les Anglophones, voici une interview de C..W Stoneking au sujet de Gon Boogaloo.

Avec "Tomorrow Gon’ Be Too Late", on reste dans cette lignée de blues triste (remarquez, des blues heureux, ca n’existe pas). La mélodie vocale reste quand même recherchée avec des chœurs féminins du plus bel effet sur une guitare qui assure une rythmique minimaliste. On est d’habitude confrontés à un one man band lorsqu’on écoute ce type de musique mais là, les parties rajoutées donnent un relief intéressant à l’ensemble et rompent la monotonie, risque majeur des albums de ce genre d'artiste.
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Avec "Get On The Floor", C.W. renoue avec la tradition des prêcheurs soul. On tient là un soliste furieux qui tient le devant de la scène secondé par des choeurs de filles. Puis progressivement la guitare reprend ses droits avec des phrasés lorgnant même vers le jazz plutôt que le blues trash. Surprenant. "Mama Got The Blues"  introduit dans le jeu quelques relents de musique latine dans un blues plus traditionnel.

Le gars a électrisé sa musique et utilise à plein sa Jazzmaster. "Desert Isle" pose les bases avec son intro twangy et avec une utilisation à outrance du vibrato. C.W. y est paisible sur son île déserte et c’est donc fort logiquement qu’on nous livre un morceau des plus tranquille qui contribue a enrichir l’album avec une nouvelle facette du talent du bonhomme. On pense à la reprise d’Elvis de "Blueberry Hills". C’est beau.

Une dose de provocation façon Screaming Jay Hawkins, normal, on parle de zombies, c’est le titre de la chanson. Dans la plus pure tradition des horror songs pour série Z d’horreur, ce titre aurait pu illustrer la bande originale de n’importe quel film de Jess Franco ou un autre maître du genre.
 


"Going Back South" nous ramène dans les atmosphères des années 30, un blues jazzy façon vieux films hollywoodien d’avant-guerre. Plaisant et même dépaysant, on se sent transporté dans le temps pour s’imaginer en train de côtoyer les stars du cinéma.

"The Jungle Swing" ne trompe pas sur la marchandise. Pour swinguer, ça swingue, on s’imagine sans souci bouger les pieds et se déhancher sur le dancefloor comme aux plus belles heures de Johnny et Sylvie à part que là on ne susurre pas de mièvreries aux oreilles. Un type éructe, se gargarise, nous lance à la face quelques borborygmes !!! Le paradis de l’onomatopée !!! Voila pour le coté Jungle. Titre pleinement représentatif de ce que l’on attend d’un album de ce type.

Quelques morceaux explorent d'autres horizons. Demarrant comme une chanson de girls group spectorien, "Good Charm Luck" est plaisant et facile d’accès à l’image du reste de l’album. Encore un morceau plus tranquille avec "I’m The Jungle Man". Le titre nous laissait pourtant penser à autre chose. Mais ici, on a un morceau plutôt soft à tendance slowesque… Etonnant.

Pour clore l’affaire, "We Gon Boogalo"o nous rappelle le titre de l’album et ce pour quoi on est là. Pour faire la fête. On finit en dansant partout, sur une belle plage de préférence au bord d’un feu  et entouré de créatures de rêve pour partager notre envie de faire la fête.

C.W. Stoneking réussi à nous embarquer dans une aventure rétro remplie de bonnes et belles choses. Le retour à la réalité ne va pas être facile.  Deux solutions, remettre encore le vinyle sur la platine et s’acheter une demi-heure supplémentaire de voyage dans le temps ou alors revenir petit a petit à la réalité en s’écoutant par exemple les compils Jungle Exotica pour revenir en douceur à notre XXIème siècle.

 

NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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