Non, le rock français n’est pas mort !!! Les labels indés ne s’y trompent pas. Rayon garage rock, voilà sur le devant de la scène la nouvelle pépite du label Howlin’ Banana. Après Madcaps, Los Dos Hermanos, Kaviar Special, re-voici Volage. Naviguant entre la capitale, Tours et sa banlieue, les quatre Volage reviennent non présenter Heart Healing, premier grand format du combo après nous avoir mis l’eau à la bouche il y a quelques mois avec leur EP Maddie.
T’en veux du psyché ??? L’intro de "Owl" répondra à toutes tes attentes pour poser le décor. Puis le décor se densifie, un mur gratte + basse rentre et s’impose avec force utilisation de fuzz. Enfin, les harmonies vocales forcent le respect. Plutôt chiadée cette entrée en matière. De suite, les références se bousculent. On revisite secrètement nos compils Peebles et Nuggets, on croise ici le fantôme de Syd Barrett qui boit un coup avec John Lennon. La barre est placée haute. Va falloir tenir la distance…
"Loner" part tambour battant comme un bon vieux rock bien rétro puis les influences se mélangent. Un break soft laissera la place à des guitares distordues qui porteront l'édifice. Le grand Pink Floyd période psychédélique n’est pas loin… J’en entends au fond qui pensent très fort qu’il vaut mieux s’écouter un bon groupe actuel qui en veut comme Volage plutôt que de subir le nouveau Pink Floyd qui va bientôt sortir (avec des morceaux vieux de 20 ans et que Roger Waters a totalement renié). On notera au beau milieu de "Loner" un passage instrumental expérimental que Pierre Henri aurait pu faire figurer dans sa Messe Pour Un Temps Présent. Du bon boulot.
Volage aborde un autre aspect du Floyd avec le titre "Heart Healing". Aussi entraînant que "The Gnome" sur The Piper At The Gates Of Dawn, "Heart Healing", qui donne son titre à l’album, semble sorti tout droit des productions de la fin sixties. Quelques effets électroniques, une voix efficace doublée de chorus, quelques guitares twangy, un solo de piano que Lennon aurait pu pondre dans Imagine et une rentrée en force de riffs infuzzés pour mettre tout le monde d’accord. Un morceau bien construit sortant des entiers battus. Ca c’est du bon rock 'n' roll.
A coté de ces perles acidulés, comprendre pleine de bouffées lysergiques, on trouve des titres plus pop rock comme "Upset" par exemple, qui pose en moins de trois minutes les bases d’une composition efficace (ce qui caractérise tout l’album en gros). Le bassiste s’y prend pour un John Entwistle dans ses plus grandes heures. Bien fait…
"6H15", c’est beau comme du Beatles. Et pour que le fan inconditionnel des Rolling Stones que je suis vous dise ça, faut vraiment que la mélodie déchire tout et soit accrocheuse à la première écoute ! Un sens des harmonies irréprochable. Je m’acharne à trouver un défaut mais je n’y arrive pas…
"Touched By Grace" reste dans la même veine. On retrouvera des intonations chères à d’autres groupes de garage sixties revival comme Crank, déjà chroniqué dans nos colonnes ou encore chez les perpignanais de Hair And The Iotas. Vous êtes Volage ? Vous aimerez aussi les deux groupes cités précédemment..
"Paolina" propose un riff puissant et toujours ce mix de basse où les notes rebondissent comme à l’époque des basses hollow body de Vox passées à la moulinette des amplis de la même marque ou autres Farfisa ou Hiwatt. C’est bon de retrouver ces valeurs sûres du genre. Un peu d’écho et reverb façon Fender et le tour est joué.
Les arpèges de "Wait" séduiront les derniers fans de mélodies vaporeuses. Brian Wilson a fait école et dans la recherche de l’harmonie parfaite, force est de constater que Volage s’approche plusieurs fois du but ultime et arrive à faire côtoyer ces moments planants avec des riffs de plomb passés à l’épreuve de pédales certainement remplies de transistors au germanium. Résultats des courses, un garage pop psyché mais plein d’idées nouvelles.
On change de registre avec "This Ain't A Walk". Ambiance horror movie et bad trips crampesques. On trouve tout un tas de bonnes choses dans ce titre à la construction alambiquée. Surprenant mais jamais déroutant. Un beau dépoussiérage des poncifs garage et sixties et un solo bluesy distordu pour mettre tout le monde d’accord en fin de morceau. Ca c’est Volage.
Et pour finir, "Midnight Thoughts"… A cette heure tardive, il est normal de laisser son âme vagabonder… Vers les contrées explorées jadis par The Cure avec ses intros aux claviers de plusieurs minutes… Puis on revient à la vraie réalité des sixties sur "Love Is All" pour clôturer tout en douceur un album pleinement réussi.
Volage nous avait mit l’eau à la bouche avec le EP Maddie l’année dernière, maintenant Heart Healing leur permet de gagner leur place dans la cours des grands. Fan des sixties et lassé d’écouter des trucs vieux de 50 ans ? Cet album est pour vous. Fan de garage et de fuzz, vous y trouverez aussi votre compte. L’album est varié mais garde comme ligne de conduite la quête des belles harmonies. Encore une fois un très bon album qui ne demande quà être défendu live, ce que vont s’efforcer de faire les quatre compères dans les jours qui suivent.
C’est ici que ça va se passer…
Vendredi 28 Novembre 2014 à Paris au Point Ephémère
Mercredi 03 Décembre 2014 à Reims à Cartonnerie