Avec une musique à la forme peu évidente car entre deux chaises, à l'instar de MITYX, bien connu des auditeurs de la grosse, il n'est pas évident de savoir sur quel pied danser. ELVIN ROAD propose sur ce 2e album des titres globalement plus chantés, à la forme un poil plus conventionnelle. On trouve encore des pistes instrumentales, mais l'album est plus équilibré, entre titres proches de l'indus qui se rapprochent davantage de VAST que de NIN, et titres ambiants qui ne sont pas pas sans évoquer CRAIG ARMSTRONG ou ROB DOUGAN. Le premier, outre ses albums solos et son travail avec d'autres groupes comme MASSIVE ATTACK, étant un compositeur prolifique de bandes originales et le second s'étant fait connaître pour son fameux "Clubbed To Death" immortalisé par MATRIX, on reste dans des références éminemment cinématographiques. Et sinon ma bonne dame, le cru 2010, il donne quoi plus précisément ?
On commence avec "Kill the Hype", qui tout comme l'était "Core" sur le premier album, est un titre indus qui ouvre les débats de façon efficace. On regrettera toutefois le son des grattes un peu faiblard et une voix parfois à la limite de la justesse. L'instrumental furibard "American Fury" s'avère plus convaincant et n'aurait pas dépareillé sur le GHOSTS OF MARS de Carpenter. Une fois posée cette entrée en matière, l'album se dirige vers des territoires nettement plus calmes et planants. ROB DOUGAN et VAST ne sont pas loin sur "sutured", douce montée en puissance sur fond de nappes de synthés. Toutefois, cela manque d'un brin de folie que nous fournit immédiatement l'excellent "Colimaçon". On retrouve alors la part de mystère qui manquait au premier opus. Impossible de savoir où l'on est ni où l'on va, ce titre court est probablement la plus grande réussite de l'album en prenant un malin plaisir à brouiller les pistes dans une ambiance sombre qui se fait franchement malsaine avec ses vocaux complètement cinglés.
Mieux vaut donc être plutôt ouvert d'esprit, car le grand écart est systématique entre titres planants (majoritaires), entre influences post-rock et dimension narrative propre à l'auiovisuel, et des ambiances plus glauques qui rendent hommage aux grandes influences précitées. Au moins on ne s'ennuie pas. Ce qu'il manque à ELVIN ROAD pour être pleinement convaincant, ce sont finalement des détails. La production n'est pas à la hauteur des ambitions affichées et la trame sonore aurait gagné à être enrichie, malgré de bonnes idées qui auraient pu être davantage développées (touches électro et bruitages). La voix est un peu limitée, et l'accent anglais pas toujours crédible ("Prom Queen", aïe). Cela étant, le projet reste toujours bien particulier et intéressant, mais pas encore tout à fait assez mature pour jouer en première division. La prochaine fois ? Reste que si cette modeste chronique a titillé votre curiosité, il serait dommage de se priver d'un petit détour sur leur myspace pour découvrir un projet qui sort des sentiers battus et auquel il ne manque finalement pas grand chose pour devenir hautement recommandable.
Ma note : 7,5/10