La première biographie du plus influent guitariste des seventies voit enfin le jour. « Conversations avec Jimmy Page » sort chez Ring pour le plus grand bonheur des fans de Led Zep ou des mélomanes bouffeurs de musique et de son histoire.
Le livre révèle sous forme de chapitres les entretiens que Brad Tolinski (rédac’ chef de Guitar World) a pu obtenir avec la rockstar qui ne se confiait pas facilement à la presse, après avoir subi de nombreuses descentes de journalistes gratteux trop aigris pour reconnaitre son talent.
A ceux qui s’attendraient à quelques anecdotes croustillantes sur l’artiste, sa vie privée ou le groupe légendaire, mauvaise pioche. Quand Page parle, c’est de musique, uniquement. Un discours fourni et chargé sur ses références, ceux qui l’ont amené à faire de la musique, ce qui lui a permis de créer son univers à lui, loin de tous les autres et qui influencera tant de musiciens sur ces 50 dernières années… On découvre le parcours de ce génie qui, à l’âge de 19 ans, était déjà réclamé pour enregistrer des sessions avec les plus grands.
Overdubs on "Whole Lotta Love" 1969 - © Chuck Boyd
Ce livre est une vraie pépite lorsqu’on est passionné de rock, de blues, des origines, quand on a envie de savoir comment tout a commencé, pourquoi Led Zep s’est démarqué des autres, quand on veut comprendre ce fil conducteur sur lequel ont marché les funambules tels que Page mais aussi Jimmy Hendrix, Eric Clapton, Jeff Beck, Muddy Waters, Robert Johnson, Chuck Berry, Homer Harris et tant d’autres…
Jimmy Page, 2009 - © Ross Halfin
A chaque page, chaque phrase presque, Page rend hommage à ceux qu’il a écouté, ceux avec qui il a joué, ceux qu’il a croisé, ceux qu’il aurait aimé connaître, sans jamais critiquer personne. C’est avec respect qu’il mentionne chacun, que ce soit les musiciens qu’il admire ou ceux qui partaient sur d’autres courants. Parfois modeste, parfois sûr de lui, il raconte son histoire, sa musique, pas sa vie intime, quoique… Ne pourrait-on pas penser que sa plus grande intimité se trouve justement là, dans ses 6 cordes, sa 12 cordes, ses manches, ses ampli, ses effets, au bout de ses doigts, de ses ongles, de ses médiators, au rythme du son avant-gardiste qu’il propose ?
Jimmy Page fait partie de ceux qui ont injecté dans le sang des fans de rock un fluide dont on ne se débarrasse jamais. Aucune cure, aucun traitement ne pourrait faire partir ce goût des grosses guitares, de la disto, des arpèges rock mélodieuses, des riffs endiablés. Et c’est à ces drogués là que le bouquin s’adresse.
Led Zeppelin reunion before show, 2007 - © Ross Halfin
Pour l’ancdote frenchy, on apprend dans la préface écrite par Philippe Manœuvre (Rock’n’Folk) que les guitares de Page se sont aussi retrouvées sur des disques de Johnny Hallday, Michel Polnareff et Françoise Hardy.
Ce n’est pas ce qu’il laissera de plus marquant sur tout son parcours mais ça reste amusant à savoir.
Les autres surprises sont dans le cœur de l’ouvrage.
Flora Doin
