Est-ce parce que les zicos ont tous un peu de bouteille qu'ils ont choisi de s'appeler comme ça ? Pierre Belleville, ex batteur de Lofofora, qui les a quitté pour aller jouer avec The Do ou accompagner Kery James, Renaud Rebillaud, qui après avoir démarré dans le punk a beaucoup traîné ses guêtres dans le rap, à composer, produire et enregistrer (pour Sexion d'assaut notamment), Fanny Demouveaux, qui chante partout où elle peut, comme dans Mon Autre Groupe avec Till de Guerilla Poubelle... Une belle ribambelle de gens expérimentés donc, qui ont en commun leur amour pour le punk et le rock qui gueule fort. Un style qui devait manquer au principal instigateur du projet (Belleville, donc), qui après avoir débauché quelques acolytes débarque sans crier gare avec le premier EP de ce nouveau groupe.
Du coup, sans surprises, c'est vers le punk et le rock qui tâche qu'il faut regarder. Maintenant, tout en restant bien énergiques et rentre-dedans, les compos ont l'intelligence de ne pas négliger la mélodie. De sorte que ce sont bien 5 chansons qui composent cet EP, et pas 5 jets d'acide lancés en pleine gueule. Veteran a pour lui un gros enthousiasme communicatif et un côté brut de décoffrage (ne vous attendez pas à des riffs de guitare transcendants), contrebalancé par une grosse maîtrise. Faire du rock bourrin sans se prendre la tête, oui, hurler comme des sacs et faire n'importe quoi, non. Pourtant, pour hurler, ça hurle. Mais la demoiselle derrière le micro a désormais l'expérience nécessaire pour chanter d'une voix claire et énergique qui peut se muer en cochon sauvage quand l'envie lui en prend, et gérer toutes les nuances entre ces deux extrêmes. Pas à dire, niveau chant, Veteran a fait bonne pioche.
On ne le répétera jamais assez, mais il est indispensable de disposer d'un bon chanteur, capable de se montrer un tant soit peu versatile, sans quoi une compo comme "No Way Out" ne pourrait pas marcher, et ce serait dommage. Si les riffs de gratte n'ont rien de bien mémorable, ils font le boulot et laissent le soin à cette voix de focaliser l'attention, pendant que derrière, Belleville démontre qu'il n'a rien perdu de sa capacité à foutre le souk de derrière son kit. Rythmiquement, c'est blindé, les petits breaks sont légion et empêchent tout temps mort. Même quand ça ralentit, le rythme reste infernal. 5 titres, c'est peu, surtout quand ils sont aussi courts, mais ça permet déjà de se faire une idée. S'il reste à prouver que la même efficacité pourra être tenue sur un album longue durée, sur cet EP, ça ne plaisante pas du tout.