Détroit – Zénith de Nancy – 27.11.14

Détroit, composé de Bertrand Cantat et de Pascal Humbert, est actuellement en tournée pour défendre son album Horizons sorti il y a maintenant un an. Ce concert au Zénith était loin d'être complet, mais les trois-milles personnes présentes ont largement prit leur pied grâce à un show généreux et chaleureux.

 

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Ce sont les Bretons de Colin Chloé qui ont eu le privilège d'ouvrir la soirée. Si le trio a des compos tenant la route, elles restent dans l'ensemble assez plates. Elles peinent à nous entraîner. Une ou deux ressortent du lot, mais sans plus. Les solos de guitares ont du mal à décoller pleinement, et la belle voix grave du chanteur reste trop nonchalente. Bref, on passera notre chemin.

Peut-être que l'on aurait mieux apprécié cette formation si on ne savait pas que Détroit arrivait juste après. Mais l'impatience de voir Bertrand Cantat débarquer est plus que palpable. Paradoxalement, l'ambiance au sein de public est très étrange. Tout le monde semble tendu, ça s'énerve, ça bouscule, ça s'insulte. Des personnes pas assez habituées des concerts?

Heureusement, le noir se fait enfin, et les musiciens débarquent les uns après les autres. Ce sont Bruno Green (guitare, claviers), Niko Boyer (guitare) et Guillaume Perron (batterie) qui complètent le duo Cantat/Humbert sur scène. Quand vient le tour de Cantat, les sentiments se bousculent. Alors oui, on repensera aux personnes qui nous ont affirmé que c'était immoral de dépenser son argent pour cet individu. Mais ce soir, nous ne sommes pas là pour juger Cantat, l'homme. Nous sommes là pour juger Cantat l'artiste. Que d'émotions de le voir à quelques mètres de nous. Cantat, l'une des figures les plus emblématiques du rock Français, l'auteur d'hymnes cultes qui ont traversé les années, un porte-paroles d'une France militante. L'homme dont on écoute les albums depuis que l'on a dix ans, grâce à des parents qui les écoutaient eux-mêmes en boucle.

 

Le temps s'écoule différemment quand on regarde jouer Détroit. Les chansons de l'album ont un très bon rendu en live. Elles prennent un nouvel aspect plus musclé que l'on apprécie d'autant plus. "Droit Dans Le Soleil' a été le moment le plus émouvant de la soirée. Bertrand et Pascal sont montés seuls sur scène, l'un avec sa guitare, l'autre avec son violoncelle, pour interpréter ce très beau et sensible morceau. A la fin, tous les gradins étaient debout. L'ovation fût sans fin. Chacun a ressenti l'émotion qui transperçait Bertrand Cantat à ce moment là. Le regard débordant de gratitude, il a regardé ce public, la main sur le coeur, avant de s'enfouir les mains dans le visage, les larmes aux yeux. L'artiste a encore du mal à se faire à l'amour qui lui tient toujours son public. Déjà aux Eurockéennes de Belfort cet été, il avait versé de véritables larmes à la fin du show.

Ce concert, c'est le concert de Bertrand. Il monopolise toute l'attention. Une grosse partie des morceaux de la setlist sont des compositions de Noir Désir. Et on ne boude pas notre plaisir de voir un Cantat en pleine forme chanter "A Ton Etoile", "Comme elle vient" ou "Le Vent l'Emportera". Lorsque le groupe entame les premières notes de "Tostaky", c'est la folie furieuse. Oubliés nos voisins de fosse agaçants du début, tout le monde se transforme en un personnage hystérique. Les pogos vont bon train et chacun s'explose les cordes vocales dans ce champ de bataille rock'n rollesque.

Cantat est réellement un homme fait pour la scène. Il a le pouvoir de nous captiver. On voit clairement qu'il est dans son élément et qu'il prend du plaisir. Sa voix impressionne toujours. Si le groupe possède un écran en fond qui diffuse quelques images, l'ensemble reste très sobre. Le groupe est là pour faire un show rock'n roll, sans fioritures et percutant. Après deux heures de concert, les adieux n'en finissent plus. Le public scande "Comme elle vient, encore et encore" et ne semble plus vouloir s'arrêter. Bertrand, Pascal et les autres musiciens remercient chaleureusement la foule. Le public ne veut pas voir partir son héro du jour, et celui-ci ne semble pas vouloir nous quitter non plus.

 

Si Bertrand Cantat n'y croyait peut-être pas, le public, lui, priait toujours pour son retour. ll l'attendait patiemment et de pied ferme. Prêt à l'accueilir et le soutenir dès qu'il reviendrait sur le devant de la scène. Et ce retour, on peut dire qu'en compagnie de Pascal Humbert, il l'a brillamment réussi.



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