Les amateurs de rock progressif peuvent se réjouir, puisqu'entre l'annonce d'un nouveau Steven wilson et des artistes peu connus qui gagnent à être découverts (Clément Belio, Philippe Luttun), l'année a d'ores et déjà ete riches en sorties et annonces. Encore peu connu dans nos contrées, Not Otherwise Specified, formation américaine (pour être précis, ils viennent d'Atlanta, en Géorgie), sort son deuxième album Projective Instruments qui fait suite au déjà très réussi Judgement (tout est en écoute sur leur bandcamp).
Inutile d'y aller avec le dos de la cuillère, la formation enfonce le clou et s'impose comme un groupe de tout premier ordre avec un album aussi riche que maîtrisé. Les musiciens pratiquent un prog' de haute volée dont la virtuosité n'est pas absente (les longs solos de claviers ou guitare sont là pour assurer le spectacle) et trouvent à s'exprimer dans des titres globalement très longs. Mais leur musique possède également un côté énergique marqué, à la limite parfois du power-métal grâce à des riffs qui restent plutôt simples et directs, et à la voix de leur chanteur Craig Kerley, à des années lumières des voix typiques du genre.
Vous en avez marre des chanteurs dépressifs ? NOS a pensé à vous, et peut se targuer d'un chanteur au timbre puissant et chaleureux qui rappelle assez clairement Superior (pour celles et ceux qui se souviennent de cet excellent groupe allemand). On ne le dira jamais assez, mais un vrai chanteur peut faire toute la différence et donner l'occasion aux groupes de composer de vraies chansons, au lieu de se réfugier derrière de la démonstration technique vaine. Alors certes, Craig Kerley n'est pas Freddy Mercury non plus, mais cela fait néanmoins un bien fou d'entendre une voix pareille, qui de plus colle à merveille aux compositions.
Dans le prog', on est habitués à deux aspects qui prédominent : le bonheur béat et le tragique. Alors quand un groupe privilégie le souffle épique du métal tout en parvenant à conserver ses couleurs rock prog', on applaudit des deux mains : les 11 minutes de "Falling" s'enquillent sans le moindre problème, ce grâce à un titre fort bien écrit, à la fois simple et doté d'arrangements complexes et d'un refrain imparable, une fois de plus en grande partie grâce à des parties de chant impeccables. 11 minutes ? Oui, les titres sont longs mais ont le bon goût de ne pas s'éparpiller. Ainsi, même les 23 minutes de "Racing Shadows", le gros morceau de l'album, se laissent digérer étonnamment facilement.
Sincèrement, à moins de ne pas accrocher au son du groupe (ce qui est parfaitement possible, il y a parfois des répulsions qui ne s'expliquent pas) ou plus simplement de ne pas apprécier le style (le rock prog mâtiné de métal), difficile de reprocher grand chose à cet album qui place la barre très haut. Bienvenue dans la cour des grands, messieurs !
8,5/10