Le combo grec fan de Porcupine Tree revient avec son premier album, après nous avoir sorti un EP longue durée qui montrait un groupe qui maîtrisait parfaitement ses instruments et la production, mais dont l'intérêt artistique était somme toute assez limité tant sa musique était proche de celle du groupe de Steven Wilson. Avoir des influences, c'est normal, les avoir digérées et proposer quelque chose d'un tant soit peu personnel, c'est mieux. Du coup, ce premier opus parvient-il à affirmer l'identité propre de No Brain Cell ?
Disons qu'il y a du mieux : le diptyque "Monuments", qui ouvre le bal, propose certes des ambiances toujours assez proches de celles affectionnées par le musicien anglais, mais ne peut décemment pas être résumée à un simple copier/coller. Hélas, le copier/coller revient dès le morceau suivant, "Man of Silence" faisant tout de même furieusement penser au célèbre multi-instrumentiste. Forcément un peu dommage, d'autant que le titre est très plaisant : les musiciens maîtrisent toujours aussi bien leur sujet, et ne serait-ce ce problème d'identité, pourraient prétendre à la première division dès aujourd'hui.
Reste que certains auditeurs se montreront peut-être plus magnanimes que d'autres sur le sujet. Si c'est le cas, Monuments est un album de rock progressif moderne hautement recommandable : les presque 10 minutes de "Hero Condition" sont là pour montrer toute l'aisance des grecs quand il s'agit de composer des titres à la fois alambiqués et accessibles (magnifique solo de claviers au passage), malgré un gimmick de guitare un poil agaçant. Les mid-tempos sont également de la partie, ainsi que les pseudo-ballades (pseudo car elles ont tendance à ne pas rester sagement sur les rails qu'elles semblaient tracer, excellent "Dont' Cry"). Reste bien quelques motifs mélodiques un peu douteux ici et là ("You and Me", c'est un peu l'archétype du zicos qui écrit une mélodie bizarre sans se placer dans la peau de l'auditeur), mais la plupart du temps, l'amateur de prog passera un excellent moment ("Intermission" et son solo de Moog, très bon)... Quand les zicos ne cherchent pas à en faire trop ("Intermission", la deuxième partie).
Non, le véritable argument contre reste encore et toujours l'ombre de Steven Wilson. Moins omniprésente que sur le premier EP, elle n'en reste pas moins toujours prête à affleurer au détour d'un break. Le groupe a bien bossé ceci dit, et a franchi un pas non négligeable dans sa route à l'émancipation artistique. A ce rythme, on peut donc légitimement penser que No Brain Cell va continuer sur cette voie et finira par se débarasser pour de bon des étiquettes désobligeantes qui peuvent encore lui coller à la peau. Monuments est donc un bon album qui laisse émerger une personnalité intéressante, qui ne demande qu'à se montrer davantage. Une réussite donc, qui pourrait augurer des lendemains qui chantent.