Le nouvel album de Björk, Vulnicura, devait voir le jour en mars 2015, mais suite à une fuite sur le web, le bébé est né prématurément.
Depuis le 21 janvier, on peut entendre ce nouvel opus qui envoie des décibels sans qu'on vienne lui tapoter le dos, preuve qu'il est en bonne santé malgré ses 2 mois d'avance.
Le disque démarre bien. « Stone Milker » (entièrement écrit, composé et produit par l'islandaise) offre de douces pistes de violons, de rythmes légers façon maracas et de boum-boum plus percutants. Un mélange de sons. Un mélange de sens. La voix très reconnaissable de l'artiste vient se poser comme un oiseau sur sa branche avant de traverser les cieux au dessus des nuages. On se sent loin du monde matérialiste, proche d'une nature abrupte et étonnante, presque à en avoir le tournis.
Le 2ème titre, dans la même veine, appelle des chœurs d'une jungle certaine : « Lion Song », avec des passages quasi a capella, à peine accompagnés de notes de claviers venant ajouter une tierce aux voix qui se superposent. La rythmique est plus cadencée, cette fois on ne vole plus, on court, on fuit peut-être même, on se cache... Quoi qu'il en soit, on la suit, happés par cette musique sortant des sentiers battus.
Peut-être un peu trop parfois. Car à force de vouloir sortir de l'ordinaire, on perd la justesse, le bon assemblage de notes, pour tomber sur quelques morceaux carrément dissonants et à la limite de l'audible (« Family », « Not Get ») ou saturés de sons électro exagérés (« Mouth Mantra ») ou trop répétitifs (« Quicksand »).
Certains titres s'appellent les uns les autres, comme une suite logique à laquelle on imposerait des ponts. Ainsi la piste n°3 « History of Touch » fait écho à la dernière partie du titre n°7 « Atom Dance » qui ne finit absolument pas comme il avait commencé. Le moins qu'on puisse dire, c'est que comme toujours, la miss sait surprendre et dérouter ses auditeurs. C'est ce qu'on attend d'elle désormais et elle va toujours plus loin dans ses retranchements.
Le morceau le plus surprenant de ce disque comportant 9 titres seulement, c'est le 4ème, « Black Lake », dont la durée dépasse les 10 minutes. On est bien loin du format radio, et pour cause, la musique de Björk n'y est pas destinée. Son public la suit et grandit d'année en année. Le mythe se fait. La déesse au regard fou ne cesse de fasciner par son art, son attitude et sa créativité inépuisable.
Découvrez justement le trailer de « Black Lake » qui vient d'être dévoilé à l'instant sur Youtube :
Tout au long de l'album, on respire au souffle des mouvements. Il n'y a pas vraiment de couplet ni de refrain, juste des épisodes, au cœur même des morceaux. On se retrouvera par instant paisibles, bercés dans un hamac en pleine forêt... Et puis oppressés, fuyant à toute allure quelque chose qui nous poursuit et nous veut du mal, là derrière, comme dans un cauchemar où lorsque tu te retournes, tu te trouves nez à nez avec ce que tu tentais d'éviter... Ou encore exaltés, avec cette envie de découvrir feuille par feuille ce qui peut bien se cacher derrière.
Vulnicura donne le vertige.
Un album qui se voudrait autobiographique suite aux chambardements que la dame vient de traverser (on laissera le soin aux curieux de chercher à en savoir plus à ce sujet, ici on parle juste de musique ;-)).
Découvrez d'ores et déjà Vulnicura sur iTunes, les sorties CD et vinyle sont toujours annoncées pour le mois de mars.
Flora Doin