Voici donc le septième album des Trail of Dead, dont la sortie est prévue pour le 7 février chez Richter Scale, le label fondé par eux-même, ainsi que chez Superball Music.
Cela fait maintenant 13 ans que le groupe de Conrad Keely et Jason Reece tourne autour du pot. Pour bien saisir ce qui va suivre, il faut revenir un peu en arrière.
En 1999 sort chez Merge Records le deuxième album Madonna qui confirme ce que le précédent (éponyme) laissait présager : ce groupe a un potentiel énorme. Le spectre du Sonic Youth des années 90 plane encore, l'énergie est belle et bien palpable, et se propage tout le long de l'album.
Dès 2002, l'album Source Tags & Codes est une consécration. La note 10/10 de l'influent site Pitchfork Media est presque méritée. Les ambiances sont épaisses, profondes, et l'on sent venir le chef d'oeuvre.
Seulement voila, 2005 voit sortir l'album Worlds apart qui, non pas qu'il soit mauvais laisse un goût amer dans la bouche. Plus pop, plus précieux, beaucoup moins coriace. On sent alors que le groupe a opéré un virage commercial et qu'il y a laissé des plumes.
L'année suivante sort Divided, qui est un mauvais album. Le côté prog mal digéré prend le dessus, et toute la singularité du groupe est mise de côté.
En 2009 sort The Century of Self, où l'on reprend un peu espoir. L'album reste un peu foutraque mais retrouve une certaine ampleur.
Voila où nous en sommes.
Mettons de côté l'intro qui ne sert pas à grand chose, sinon de faire monter la sauce. Puis voilà le morceau "Pure Radio Cosplay" qui déboule, et là on sent que l'énergie d'antan renaît de ses cendres. Mélodique à souhait, à la construction rythmique implacable, à la fois serein et énergique, ce morceau est bon.
Nous pensons donc que Trail of Dead est sur la bonne voie, celle qui nous fera revenir sur l'adage "Trail of Dead ? c'est mort..."
Le morceau suivant, "Summer of All Dead Souls", gratouille là où ça fait du bien. L'énergie électrique est contenue, la voix a quelques gimmicks énervants mais passe comme une lettre à la poste. On se plaît à penser que les Smashing Pumpkins ont trouvé un successeur. Ce côté mélancolique/énergique leur va plutôt bien.
"Cover the Days Like a Tidal Wave" a un petit côté Unwound (en fin de carrière) qui n'est pas déplaisant, triste et joyeux à la fois.
Puis on enchaîne sans tiquer sur "Fall of the Empire" qui se présente presque comme la suite logique du précédent. Bien que moins touchant, ce morceau a le mérite d'être court, et me fait tendre le sourcil.
Est-ce là que la blessure va s'ouvrir à nouveau ?
Ok, Trail of Dead sait écrire de très bon morceaux pop. Mais avec un début aussi séduisant, pourquoi nous basarder ce "The Wasteland" ? Bref, ne soyons pas trop aux aguets.
"Weight of the Sun (or the Post-Modern Prometheus)" a une énergie certaine, même si le morceau n'a rien n'éclatant.
Puis Trail of Dead fait une reprise de lui-même. "Pure Radio Cosplay" se voit rejoué dans une version quelque peu spatiale, mais rien qui ne mérite de nous la refaire. Grosse faute de mauvais goût. Nous pensons être dans le ventre creux de l'album. Suivra "Ebb Away", calme et bien foutu.
"The Fairlight Pendant" reprend la bribe et a une montée bruitiste des plus savoureuse. Ce morceau-là démonte la tête.
Il nous reste cette deuxième partie, "Tao of the Dead Part two: Strange News From Another Planet", avec ses 16 minutes et quelques. C'est là que le côté grandiloquent prend le dessus avec ses fulgurances saturées, ses espaces vertigineux, ses montagnes russes. C'est là que renaît le Grand Trail of Dead, qu'il décuple ses forces et explose tout sur son passage. Ouf.
Ma note : 8/10