Dive Bar – Monstres dans la cave


Dive Bar est un objet artistique voire un lieu artistique avant d'être un groupe. Alors, pour apprivoiser ce quintette et son nouvel et court EP Monstres dans la Cave, il convient de le présenter dans sa diversité, car derrière cet EP de 3 titres, il y a d'autres choses à écouter de ce jeune groupe.

Pour le petit point line up préliminaire : Norman Jangot est l'auteur-interprète et guitariste de Dive Bar depuis la formation en 2008. Il est accompagné de Jérémie Girardot, blues man, à la guitare solo depuis 2010 et du violoniste Léo Martin depuis mai 2013. A la section rythmique, on découvre Mathieu Andrieux, bassiste depuis sa découverte du maître à l'insolente virtuosité Victor Wooten, et il est soutenu depuis le dernier EP par Madjid Djebbi aux multiples percussions.

En 2013, Dive Bar sort un premier disque éponyme de 7 titres. Le CD est designé par Philippe Druillet, le fondateur de Metal Hurlant et des éditions bédé Les Humanoïdes Associés, rien que ça ! Ce disque fonctionne plutôt bien pour un groupe cherchant son identité.

Par ailleurs, touche-à-tout, Norman réalise pour le groupe en 2011 l'élégant clip du morceau électrique et sexuel "Hurt Time" (hors album). En 2014, il retourne derrière les caméras pour la session live Monstres dans la Cave dont vous retrouverez le "Malaxe" ci-dessous et dont l'EP qui en est tiré nous intéresse ici.

Entre ces deux moments vidéo, pour Norman, se glisse le court-métrage "Le Revenant", coréalisé avec Victor Druillet, à propos d'un homme qui expérimente son idée paradoxale "si je ne le veux pas, je ne meurs pas"... Le court tourne dans une tripotée de festivals internationaux et sa BO instrumentale sombre, élégante et aux envolées gracieuses de guitare électrique est bien entendue signée par Dive Bar.

Après cette mise en bouche avec les différents projets du groupe et après l'EP Dive Bar, vient donc l'EP Monstres dans la Cave. Dive Bar est riche musicalement avec ses orientations qui vont de sonorités espagnoles à des airs orientaux dans une agréable ambiance franchement cinématographique.

On retrouve ces ingrédients pour ce nouvel EP, fruit d'un weekend tortueux d'enregistrement pendant lequel le groupe cherchait de nouvelles voies musicales, ce qui motive le groupe depuis ses début, à savoir se diversifier et s'ouvrir.

Pour s'ouvrir donc, Dive Bar nous "Malaxe" le thorax pendant quatre longues minutes. Mathieu et sa basse offrent une belle assise sobre et lourde à une voix qui a l'air de ne pas y être, feignant une émotion qui peine à se dégager et dont on ne sait d'où sortent quelques "chouinement" aussi superficiels que superfétatoires.

Dommage, car l'orchestration aurait suffit à nous bercer. Je ne parlerai volontairement pas des onomatopées étranges lors d'un final pourtant solide avec le solo électrique grinçant de Jérémie. Si ce titre n'avait pas été une reprise, aurais-je plus apprécié son chant ?... Une reprise de Bashung qui montre encore combien il est dangereux de s'attaquer à un standard d'un tel niveau.

Dommage, car avec "Mr Personne" et sa longue prière d'intro orientale, suivie d'une attaque de guitares et de sons ambiance western "sur un air nocturne, une levée de fantôme". Mister Nobody est revenu d'entre les morts où la guitare électrique pleure en fond de paysage dessiné harmonieusement au rythme des solos saignants de violon sur 6 minutes d'un film sans images.

Dommage, car avec "Rosa", Norman retrouve sa fougue en restant plus grave que sur "Malaxe". Puis il alterne avec l'aigü dans une danse vocale inégale où se mêlent aussi de longues envolées "oh toi"... Mais lorsque Norman est grave, on le suit volontiers, autant que le solo de violon orientalisant au "rythme des palpitants" jusqu'au final électrique explosif qui retombe un peu vite sur une complainte où "tu me manques déjà"...

Dive bar, nouvel EP

Beaucoup de dommages signifiant que tout va bien finalement. A la première écoute, j'ai apprécié le premier EP de Dive Bar, l'ambiance sombre de Monstres dans la Cave et les histoires macabres qu'il nous narre autant que les arrangements présentés. Puis les réécoutes de cet exercice d'enregistrement live montre qu'il a ses limites, comme une réverb' quasi constante - quasi dérangeante, l'effet du lieu pour rendu esthétique... L'ensemble offre un bon quart d'heure relativement homogène où il ne manque qu'à Norman de trouver sa force, son ton et de les entretenir. Dans sa formule actuelle, Dive Bar a les arguments pour se développer avec une production en studio au travers de son Rock World qu'il nous plaira de redécouvrir.

Yann Landry

Crédit photo : Dive Bar

NOTE DE L'AUTEUR : 6 / 10



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