Deuxième album pour le groupe, qui a fait craquer Guillaume Bernard, membre des métalleux de Klone et co-foncateur du label Klonosphere, qui les a signés et a contribué aux arrangements de ce deuxième effort long format. On comprend sans mal ce qui a séduit l'homme : les deux groupes partagent l'amour des ambiances sombres et tordues et la volonté d'aller dénicher des mélodies et rythmes peu évidents. Même la voix de Rémy Pocquet n'est pas sans rappeler celle de Yann Lignier !
Cela étant précisé, la comparaison s'arrête là. Si Soundcrawler possède à n'en pas douter du métal dans son ADN, c'est bien vers le rock lourd et puissant qu'il se tourne (l'ombre d'Alice In Chains n'est jamais très loin). Entre métal et stoner moderne, le groove lancinant se bagarre avec un ton résolument sombre. D'où une impression générale assez étrange : bien qu'on ne puisse pas accuser le combo de manquer d'originalité (sans être un monstre d'innovation, Soundcrawler a un son bien à lui), le fait de constamment rester coincé entre trois chaises empêche une vraie dynamique de s'installer à l'écoute d'un album qui multiplie les faux départs.
Pris individuellement, les titres sont bons. Mais l'ambiance lancinante et le refus forcené de la facilité (et le manque de parties accrocheuses qui en résulte) empêche l'auditeur de rentrer complètement dans la musique. En effet, celle-ci sonne parfois forcée, excessivement réfléchie en amont, et manque terriblement de peps, d'énergie, d'un minimum de naturel, appelez ça comme vous voulez. A l'instar d'un cuistot qui, plein d'ambition à l'idée de trouver une nouvelle recette, aurait cherché à mélanger tout un tas de trucs en oubliant la vue d'ensemble, on se retrouve avec un album plein de bonnes intentions, mais qui aurait gagné à adopter une direction plus tranchée. Mais pour cela, il eut fallu que les musiciens se lâchent davantage et se souviennent qu'écrire du rock n'est pas une activité uniquement cérébrale.
"Raiders", une des réussites de l'album.
A peine a-ton le temps de se mettre dans l'ambiance, que voici une partie excessivement tordue, une rythmique qui vient tordre le cou à la dynamique naissante. Ce refus forcené de parties accrocheuses, s'il est honorable, empêche l'album de décoller. Ecrire un refrain "catchy" de temps en temps n'est pas un crime en soi et peut empêcher la monotonie. Soundcrawler, coupable de misérabilisme ? Sans doute, car le temps d'un break, le groupe montre qu'il est plus que capable d'éclaircir son propos, et ce faisant de le rendre plus digeste ("The Plastic Truth). En l'état, l'album, malgré des qualités indéniables, s'avère trop froid et clinique, et demanderait une direction plus tranchée pour se faire aimer, détester, mais au moins provoquer davantage d'émotions.