Hey les garageux !!! The Sonics are back… Cinquante balais plus tard… Quoi qu’il arrive le trip revival sera beau. Les fans des sixties ayant échappé au sonotone en frétillent déjà. Dans le monde du garage punk, les Sonics c’est dix fois plus puissant que les Rolling Stones. En plus, trois membres originaux sont toujours là. A première vue, ça semble sérieux. Depuis fin janvier, le premier single "Bad Betty" tourne comme un avion sur le web. Hier, le Saint Graal est arrivé. Attendu comme les puristes du blues pourraient attendre un 30ème morceau inédit de Robert Johnson, This Is The Sonics est arrivé le 30 mars 2015 sur les platines du commun des mortels.
"Bad Betty", premier single dévoilé depuis quelques semaines, a laissé présager le meilleur pour cette reformation qui aura fait couler beaucoup d’encre chez les fans de garage. Rob Lind avec ses envolées de sax met le feu comme en 66. Le duo vedette Parypa à la gratte et Roslie aux chant et claviers semble avoir rajeuni de 50 ans. Même les cris, hurlements de jeunes premiers fougueux sont là comme à l’époque sur "The Witch" ou "Cinderella".
Dès l’intro, avec "I Don’t Need No Doctor" qui ouvre les hostilités, on s’aperçoit que le gang de Tacoma n’a rien perdu de sa verve. Ce son si caractéristique, crade, trash, root est toujours bien présent. Personne ne touche à la marque de fabrique des Sonics. Et ça, ça fait du bien !
"Be A Woman" a l’energie d’un blues possédé ou Jon Spencer botterait le cul de Chuck Berry (le Chuck Berry de 1958 à la sortie de "Johnny B. Goode", pas celui qu’on voyait courir le cacheton il y a quelques années dans les émissions du club Dorothée.., si si renseignez-vous).
On ne change pas une recette qui gagne. Les Sonics sont de formidables compositeurs, "Strychnine", "Psycho", "Cinderella", "The Witch" sont devenus des hymnes dans le style mais ils n’ont pas leur pareil pour booster une reprise de vieux blues ou rock bien rétro comme dirait l’ami Marty McFly en empoignant sa Gibson pour balancer "Johnny B. Goode" dans Retour Vers Le Futur. Ici, c’est un classique de Bo Diddley qui est passé à la moulinette. "You Can’t Judge A Book By The Cover" est malaxée façon Sonics. Le sax groove comme dans les sixties et pour en mesurer la qualité on peut se payer le luxe de comparer avec la récente relecture du morceau par les Strypes, vus par la presse spécialisée comme les nouveaux Yardbirds. Et les Sonics soutiennent la comparaison sans aucun souci. La sauvagerie rappelle les dernières productions de Barrence Whitfield et de ses Savages. Pas étonnant que dans les jours qui viennent les deux groupes partagent l’affiche d’une mini tournée US. Eh, les gars, n’oubliez pas le vieux continent, on veut aussi être de la fête !!!
"Look At Little Sister" avec ses "Hey Hey Hey Hey" en début de couplet ne manquera pas de rappeler "Cinderella". Mais la fougue et la qualité d’exécution feront oublier cela et on se dira qu’il est quand même vachement bon d'écouter du rock 'n' roll simple mais diablement efficace. Sur la fin du morceau, on retrouvera quelques intonations de "Psycho". Avec du nouveau matériel, les Sonics surfent sur la vague de leur succès. C’est une belle réussite.
"Sugaree" nous ramène dans ces terribles rock ‘n’ roll revisités. A la croisée d’un "Don’t You Just Know It", d’un "Roll Over Beethoven" et d’un "Boss Hoss", les Sonics nous livrent une des plus belles réalisations de l’album. Impossible à l’oreille de détecter que ce sont des vieux de 60 balais qui sont en train de balancer ça en travers de nos esgourdes ébahies. Pas de doute, les Sonics sont toujours les maitres du genre.
Un titre comme "The Hard Way" illustre le coté punk des Sonics. Un tout petit peu plus de deux minutes et la messe est dite. Une production qui sonne un peu plus actuelle avec les guitares en avant. Pour "Leaving Here", c’est le riff de sax qui tient la baraque. Rob Lind en a encore sous le pied et Gerry Roslie a encore la voix qui donne son plein régime. "I Got Your Number" conserve cette fabuleuse ambiance que seuls les Sonics sont capables d’instaurer. Les petits nouveaux de la section rythmique s’en sortent sans problèmes et donnent une bonne assise à l’ensemble.
Sur "Livin’ In Chaos", Gerry s’époumone et braille comme un jeune premier. Impossible d’imaginer un sexagenaire derrière le micro. Parypa envoie un riff dont la lourdeur n’a rien à envie à "The Hustler" écrit 50 ans plus tôt.
Pour "Save The Planet", tout le monde a endossé le bleu de chauffe, Gerry fait fumer le clavier, Larry enclenche la fuzz, tout le monde s’en donne a cœur joie. "Spend The Night", qui clôture l’album, se pose comme un rock bien pesant au riff de sax puissant comme seuls quelques rares irréductibles guerriers de la cause rock "n" roll sont capable d’en servir.
Que dire de plus... Les Sonics ne sont pas morts. On savait déjà que leur héritage ne mourrait jamais. Il est impossible de dénombrer le nombre de reprises des classiques "Cinderella", "The Witch", "Strychnine" et autres. Les Sonics font de la musqiue qui parle aux gens d’aujourd’hui. Sur la dernière compile Back From The Grave chère à Tim Warren, on trouve encore une reprise de "The Witch". "Have Love Will Travel" (à l'origine un morceau de Richard Berry mais popularisé par les Sonics) fait les beaux jours des publicitaires. Les Sonics inspirent la littérature rock. Payez-vous le bouquin de Serge Deft "Des Larmes Comme Des Bananes" si vous préférez associer le dit morceau à une belle tranche de rock 'n' roll plutôt qu’à une pub de voiture. C’est donc un pur bonheur de retrouver des nouveaux titres et des reprises jamais enregistrées par le groupe car il vrai que pour le fan, les Sonics n’ont fait qu’un seul album que moultes labels ont réédité, agrémenté ou non d'inédits obscurs et pas toujours bien enregistrés. Là, c’est du Sonics tout neuf, tout frais, et même 50 ans plus tard, ça tient la route. Here Are The Sonics de 1966 tient enfin son successeur : This Is The Sonics !!!