The Prodigy sur LGR ? Le groupe n'a certes pas grand chose de rock, mais il a pourtant toujours bénéficié d'une certaine côté de popularité chez les amateurs de gros son au sens large. Les anglais reviennent avec leur 6e album seulement, puisque depuis le méga-succès de The Fat of the Land en 1997 (ce qui ne nous rajeunit pas), Liam Howlett et ses hommes se sont faits plus discrets. Après avoir bien profité de la vague, The Prodigy était revenu timidement avec Always outnumbered, never outgunned en 2004. Album moyen qui sortait 7 ans plus tard, on se demandait forcément si le groupe parviendrait jamais à se remettre d'un aussi gros succès et d'un aussi gros break.
Seulement voilà, le groupe envoie méchamment le bois sur scène : avec un paquet de titres imaparables ultra connus, un duo de vocalistes sautillants qui s'y entendent comme pas deux pour chauffer le public à blanc et un show son et lumières qui arrache, le groupe a continué de ravir ses aficionados et s'est imposé comme un incontournable en festival. Ce d'autant plus avec le 5e et dernier album en date, Invaders must die, en 2009. Album une fois de plus imparfait, inconstant, avec ses hauts et ses bas, mais qui fut une bonne occasion pour voir le gang sillonner à nouveau les routes. Après avoir bien fait poireauter son monde, The Prodigy sort du bois et a sorti la semaine dernière son petit dernier, The Day is my Enemy.
Liam Howlett, DJ-maître à penser, avait prévenu que l'album s'annonçait sauvage et intense. Premier constat, il n'a pas menti. Le groupe (l'homme ?) envoie la purée comme il ne l'avait plus fait depuis longtemps. Si le premier single "Nasty" n'a pas de quoi faire sauter au plafond, le morceau titre, qui ouvre l'album, annonce la couleur : ça va cogner. Les bits furibards, les rythmiques de rave-parties, les arrangements sauvages et les vociférations de Keith Flint, The Prodigy n'est pas revenu pour faire semblant et étale son savoir faire le long d'un album bien plus consistant que ses prédécesseurs. Mais s'il s'avère efficace voire parfois jouissif, l'album délaisse toute volonté d'innovation. D'un autre côté, quand un groupe de ce calibre s'applique à proposer ce qu'il sait faire de mieux de façon globalement convaincante, c'est déjà pas mal : on retrouve ainsi une ambiance bien particulière et un certain sentiment de danger qui étaient globalement absents des dernières productions des anglais.
Les gros titres s'enchaînent et n'auraient pas dépareillé dans les années 1990, à l'exception d'une production qui profite d'un très très gros son et quelques ajouts plus modernes comme des rythmiques qui lorgnent un peu vers le dubstep de temps à autres. "Rebel Radio", "destroy", le single "Wild Frontier", "Ibiza", autant de très bons morceaux qui, au choix, peuvent vous replonger dans une époque, ou juste faire péter les plombs aux amateurs d'électro furax. L'album a également le bon goût de proposer des arrangements plus soignés que ces derniers temps, ce que l'amateur du Prodigy millimétré ne pourra qu'apprécier. Un bon album donc, qui n'en sonne pas moins un peu anachronique. The Prodigy a-t il encore sa place en 2015 ? Le groupe fait désormais son âge, a tendance à se répéter... A chacun de voir s'il peut lui pardonner ces écueils pour apprécier sa musique. Cependant, pour peu que vous ne soyez pas allergique au genre, il serait dommage de passer à côté.