Son album a été chroniqué et noté 4,5/5 étoiles par le magazine Rolling Stones, elle est passée en live au Ellen De Generes Show, placée en album de la semaine sur Canal+, diffusée en live dans C à vous sur France 5... Et j'en passe ! Il était temps que je m'occupe de son cas pour La Grosse Radio avant qu'elle ne soit trop à la mode. Courtney Barnett est australienne et après un double EP vaguement remarqué en 2013 The Double EP: A Sea of Split Peas; elle est en train de conquérir le monde avec son tout premier album Sometimes I Sit and Think, and Sometimes I Just Sit. (L'album est déjà dans le top 20 des charts aux Etats-Unis)
Mais je ne suis pas le monde, je ne suis pas un mec qu'on séduit comme ça à coup de passages tv, non, messieurs-dames, il m'en faut plus, il me faut du vrai son, de l'émotion chatoyante, des cordes vocales vibrionnantes mais pas n'importe comment, des guitares qui n'en font pas trop et qui me grattent bien la cochlée... Et après une première écoute, il me semble qu'on soit en plein dedans. Affaire à suivre...
En tout cas, s'il y a bien quelque chose dont je me tamponne complètement c'est le look d'une chanteuse, et si mes confrères faisaient de même ce serait comme un rêve où le sexisme n'existerait pas et où Lady Gaga ne serait pas d'abord une tenue de soirée. Quand je lis dès l'intro de la chronique des Inrocks "l’Australienne débraillée" et plus loin "la fille qui habite en face" ou dans celle de Rolling Stones l'empli de préjugés "an Aussie tomboy", ça me fait bondir voire vomir. Courtney Barnett a le look qui lui chante, pourvu que sa musique m'enchante.
Vous avez pu avoir la chance d'écouter "Pedestrian at best" sur la Grosse Radio Rock depuis 15 jours et je vous livre ici mon avis sur le reste de cet album Sometimes I Sit and Think, and Sometimes I Just Sit enregistré à l'automne dernier lors d'une session dans les studios Head Gap de Melbourne. Parfois je m'assieds et pense, et parfois, juste je m'assieds, dès le titre on se dit que l'auteure va nous faire réfléchir un tantinet, sinon rêvasser. Un album de onze titres marqué par l'appel de ses ballades ("Depreston", "Boxing day blues"), de son son grunge souvent ("Kim's caravan", "Pedestrian at best"), de sa douce power-pop parfois ("Nobody really cares if you go to the party", "Aqua Profundal") et en général par son folk rock d'une étonnante maturité. Courtney Barnett nous envoie une musique précise, avec une voix marquante, traînante et empreinte de mélancolie accompagnée relativement sobrement entre autres par un batteur qui fait le taf et un guitariste soliste discret mais punchy.
Dans cet album, je retrouve un arrière-goût de Weezer sur le laconique "An illustration of loneliness" ou sur le rythmé "Elevator Operator", de Eels par son aspect général assez vaporeux, de Joni Mitchell avec "Small Poppies" ou encore de Patti Smith pour le côté qui gratte. Et d'autres que j'omets volontairement ici tant les références peuvent être nombreuses. Enfin, on ressent que Courtney connaît son sujet rock indé... Et sa pop n'a pas finit de se diffuser avec de probables singles standards comme le très carré "Dead Fox" qu'on imagine déjà sur les ondes avec sa mélodie percutante.
Son style musical me plaît bien, même si je le trouve trop poli et manquant finalement de personnalité, comme par exemple le "Debbie Downer" qui ressemble à tout ce qu'on a déjà entendu dans les 90's. Cet album reste d'une grande efficacité, il parait même taillé pour réussir en puisant dans les recettes des succès passés, et c'est bien ce qui m'étonne. Mais je laisse la conclusion à Courtney Barnett elle-même dans "Pedestrian at Best" : "I must confess I've made a mess of what should be a small success,but I digress. At least I tried my very best... I guess." (Je dois avouer avoir fait n'importe quoi de ce qui devrait être un petit succès, mais je digresse. Au moins, j'ai fait de mon mieux ... Je crois.)
Yann Landry
crédit photo : Tajette O'Halloran
