Ina-Ich produit un bruit électronique, énergique et sombre à la fois. Son prochain EP de 4 titres, Ma chair et mon sang sortira le 18 avril, orné d'une illustration réalisée par l'auteure.
Le nom du groupe vient de l'onomatopée vietnamienne "Inh-ich", qui désigne un son persistant et dérangeant. Dérangeant, je ne pense pas, mais ce son hétérogène et cette voix originale sifflent en tête longtemps encore après l'écoute.
Kim-Thuy Nguyen, la fondatrice et compositrice, s'inspire d'horizons plus que diversifiés. Pianiste classique de formation, elle intègre un grain de folie et de fureur à des morceaux académiquement ciselés. On peut penser au côté électro rock péchu de Shaka Ponk, avec qui Ina-Ich partage l'affiche depuis longtemps. On retrouve également le grain atypique et déterminé de Björk et son univers à part, ou l'ecléctisme de Nine Inch Nails.
Le trio, rejoint en 2013 par Brad Thomas Ackley, le guitariste de M, revisite ses titres phares des pécédents albums et travaille ses prestations scéniques.
On reconnaît tout de suite la voix singulière de la chanteuse, parfois stridente, parfois grave, et le bruit intense aux reflets métalliques qui font les spécificités de ce groupe. Les textes cependant comportent plus de mots que chez la plupart des autres bruitistes. Kim-Thuy aborde les thèmes de l'amour, de la vie de tous les jours, de sa famille, on sent qu'il s'agit de sujets très personnels, qui lui tiennent à cœur, c'est ce qui fait d'elle un personnage à fleur de peau.
On passe d'une énergie électrique qui casse tout dans «Comme un garçon» ou le single «Ma chair et mon sang» à un tempo bien plus posé, une berceuse tendre dans «Je t'emmène». Les paroles douces-amères de «L'argent» font sourire et grincer des dents, sur une mélodie digne des années 90, avec expérimentations électro et sonorités indus.
Il n'y a pas de thème global, l'auteure exprime ses sentiments comme ils viennent, elle exprime son trop-plein d'émotions de toutes les façons possibles, par les cris, les coups sur la batterie, les sons distordus, les saturations et les gémissements des instruments.
Il faut oublier ses idées reçues sur les styles musicaux, les classifications et le rock français pour saisir l'éclectisme de cette musique, ces sons qui ont l'air d'arriver de partout, portés par une voix retentissante.
