Des nouvelles de la scène grenobloise ! Si vos cartes de la France Rock datent de dix ans et plus, déchirez-les : le géographe en perfecto plaçait sa « capitale » tour à tour au Havre de la fin des 80 au début des 90 et à Bordeaux jusqu'en début de millénaire. Voilà donc que, depuis quelques années déjà (en fait quasi une décennie), c'est l'émulation locale alpines qui attire l'attention de tous ceux qui suivent l'actualité de la scène indépendante. On y compte (ou comptait) des groupes tels que Firecrackers, De Medicis, JPEX ou... Duster 71.
Les trois derniers groupes cités ont (avaient) en commun leur 4-cordiste : sieur Jej Ravage stakhanoviste du son garage aux mille projets ayant promené son ampli sur un nombre de scènes hallucinantes. Le quatuor Duster 71 est également composé de Seb à la guitare, Zard à la batterie et le chanteur-guitariste Rémi qui, lui, vient tout droit de Montréal (juste histoire de rendre idiote et sans intérêt mon introduction sans doute).
Le credo des quatre, c'est le rock musclé façon « proto-punk » (Stooges ou MC5 en ligne de mire) réchauffé à grands coups de lampes. Il nous présente là leur deuxième album, intitulé Size Does Matter ( fine appellation !) qui est paru l'année dernière et bénéficie à partir du 26 Avril d'une distribution nationale assurée par Mosaic Music. Cet album suit une première galette huit titres (si on excepte la démo 3 titres sortie en 2005) joliment nommée Go Baby ! Go ! Go ! qui avait eu bonne presse même si plus d'un étaient restés perplexes face aux textes en français.
Est-ce la raison pour laquelle Rémi a eu une démarche inverse à la plupart des groupes hexagonaux ? Les douze titres qu'il nous donne à entendre sur cet album sont, en effet, entièrement écrits dans la langue de Shakespeare.
Trêve de bla-bla, place à la musique (un « So just turn it on and have fun » exclamatif figure en pied de page de la plaquette de promo)
Le disque est dans le grille-pain, première plage « Size Does Matter » dont le titre met tout de suite les points sur les i : si c'est la musique cérébrale qui vous branche, cassez-vous ! Le riff de gratte m'évoque bizarrement « F***ing in the Bushes » d' Oasis ( d'ailleurs un des seuls titres des Anglais qui ne me fait pas grincer des dents). Le titre, en tout cas, est d'une efficacité sans faille. Les Duster vous font taper de la semelle comme Babinski et son marteau vous ferait lever la jambe. Action réflexe, immédiate et incontrôlable.
Titre 2 : « Nowhere to be found ». On nous avait décrit l'univers des grenoblois proche du son 70's, voilà qu'autre chose se dessine ici. Les « wouhou-hou! » des Stones, recyclés façon Dandy Warhols, posés sur une tournerie facilement rapprochable du « Delivery » de Doherty. Le quatuor serait-il influencé par les groupes influencés par le proto-punk des 70's en fait ? Drôle de charade à tiroirs... Puisqu'on te dit que ce n'est pas cérébral, arrête de réfléchir !!! Ah ?...
Pour mettre en exergue le côté gras et l'odeur d'huile de moteur du couple basse-guitare, l' utilisation décalée d'accroches pop-esques naïves par une voix féminine (« Some Fun (na na na) ») filerait la banane aux plus austères et à ceux qui voudraient rester de bois (austères de bois... m'ouaip'. Il est tard, désolé !). Cette même voix féminine qu'on retrouvera en question-réponse sur le très fun « The chosen One (I ain't) » ou hurlée au mégaphone sur « So cool », morceau au rythme élevé (comme le reste) mais au refrain au phrasé plus lent qui donne un côté plus « pop » à ce morceau (relativement aux autres, s'entend).
Des racines blues, voir country se laisse parfois deviner (« Slide » ou « She does it right ») au milieu de morceaux bien bourrins (« King or Devil » et l'influence AC/DC) ou tout en nerf et en accélération (« Full Speed Ahead »).
Au total, un disque au son puissant (Ludo Zefish au mixage et Peter In De Betou, qui a travaillé notamment pour The Hives ou Rammstein, n'y sont sûrement pas étrangers) plein d'excellentes influences digérées et resservies sauce piquante !
Ma note : 8/10
Crédit photos : Magali LAROCHE