BirdPen – In The Company Of Imaginary Friends

Je vais vous demander de faire appel une petite minute à votre imagination, chers lecteurs adorés. Vous êtes prêts ? Non. Bon. J'y vais quand même. Octobre. Ce mois aussi inutile qu'humide, loin des vacances passées et loin des fêtes à venir. Octobre donc. Maintenant, armez-vous d'un ciré jaune ou bleu. Vous êtes sur la grande plage sans fin des Sables d'Olonne. Ok ? Vous voyez le topo. Il pleut des cordes, l'humidité s'insinue dans votre cerveau blette. Mais vous êtes content. Bah oui, un week-end au bord de l'eau, tout ça, tout ça...

Mais votre belle-mère est dans le bungalow d'à-côté. Là, alors que vous savourez le bruit sec des vagues qui se cassent à vos pieds, vous levez la tête. Chris Martin est là. Ici, droit comme une asperge catatonique. Octobre, les Sables d'Olonne, votre belle-mère et Chris Martin. Là, une musique démarre, celle du nouvel album des BirdPen. L'ambiance de l'ultime désir moite, mais gelé.

Like a mountain, Chris Martin, pop, synthé, Dave Pen

Voilà pour le tableau de départ. Ensuite, Dave Pen, créateur du projet Birdpen, l'ancien chanteur d'Archive (je ne vous fais pas de second tableau pour Archive, vous ne vous en ressortiriez pas indemne), vous prend par la main, moite toujours, et vous marchez ensemble en regardant vos pieds de longues heures au bord du littoral vendéen (à l'automne toujours, suivez un peu, et Chris Martin vous suit aussi tel un perv' inoffensif mais bien présent).

L'album, dont il s'agit ici, s'intitule à peine sobrement In The Company Of Imaginary Friends et est à venir pour le 11 mai sur leur propre label Jar Records lancé après un appel au pré-achat. La compagnie d'un ami imaginaire, autoprod, crowfounding, et vous ?

Nous, dans l'histoire, nous écoutons ce disque que le roi des escrocs Gainsbourg aurait qualifié avec son propre terme de classieux. Avec une classe recherchée, voulue, bourgeoise quoi. Avec de petites intros de piano ("Somewhere") ou de guitare ("Like a mountain") qui s'exprime tout pareil, en roulant proprement mais longtemps ! Car on attend des refrains mais ça ralentit à tout-va, puis tapies dans l'ombre quelques envolées nous parviennent.

La suite est marquée par l'apport de synthés bourdonnants ("Into the blacklight"), de nappes atmosphériques à l'avenant ("tcttya"), de pianos perdues dans une réverb' de cathédrale cosmique ("Lost it") et l'apogée paroxysmique s'atteint avec l'interlude mélancolique ("Lake's demand for an interlude") qui reprend l'ensemble des éléments sus-cités, argh...

Avec "No place like drone", le tableau initial vous aspire totalement, vous êtes l'ami imaginaire de David dans son délire harmonique profond. Là, vous vous éveillez avec lui sur le parvis d'une boîte de nuit electro ("Lifline", "Alive") à 5 heures du mat'. On se redresse, on respire, on se met à bouger, à ressentir enfin la musique. Puis BirdPen vous achève sur une "Cell Song" amorphe. "Equal Parts hope and dread" est votre requiem...

Mais si vous savez comment survivre aux Sables d'Olonne en octobre, à votre belle-mère en vacances, et à Chris Martin. Cet album est fait pour vous. Si vous êtes aussi prétentieux que la prod' également.

Yann Landry

Crédit photo : Rahi Rezvani

NOTE DE L'AUTEUR : 5 / 10



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