Voici donc ce nouvel album d'Izia, une nana qui, si elle a bien dû profiter d'une façon ou d'une autre des contacts de son illustre paternel (Jacques Higelin, donc), a aussi construit sa réputation à la seule force du poignet, notamment grâce à des concerts endiablés, qui lui ont conféré un gros capital sympathie. Niveau musique, c'était pas parfait non plus : le premier album était sympa, même s'il n'apportait rien de nouveau dans le genre gros rock simple et efficace un tant soit peu influencé 70s. Mais la demoiselle était alors tellement jeune, mignonne et surtout déterminée qu'on lui pardonnait volontiers. Le 2e album présentait grosso modo les mêmes qualités et défauts. Du coup, ce 3e album se devait de montrer une véritable évolution et voir la jeune chanteuse affirmer sa personnalité. L'évolution est là. Pour ce qui est de la personnalité, well...
Oubliez le rock qui tâche, bienvenue à la pop / chanson / électro très propre sur soi et en français. Après tout, si la miss souhaite changer de style, ça la regarde, reste à voir comment c'est fait. Pas de bol, l'album collectionne les pires clichés de la fifille qui veut se la jouer classe, cultivée et sexy (jusqu'à apparaître au pieu et en sous-vêtements dans un clip en noir et blanc) histoire de cartonner en radio (qui a dit formatage ?). Les instrumentations sont pauvres au possible et ne prennent même pas la peine de proposer un début de mélodie accrocheuse (à l'exception du duo avec Orelsan, un poil mieux, mais qui ne casse pas des briques non plus). Nan, le minimalisme prout prout c'est mieux.
Mais sans gros son pour gommer les imperfections, on se concentre d'autant plus sur le fond, ce qui n'est pas à l'avantage de l'album. Pas vraiment à l'avantage d'Izia non plus : la chanteuse a toujours été un peu juste vocalement, mais l'énergie faisait passer la pilule. Sans grosse guitare, sans patate, on se prend tous les défauts de justesse dans la tronche ("Bridges", une honte). Les cours de chant ne sont plus un luxe, mais une nécessité absolue : la personnalité, c'est bien (à ce niveau-là, elle a toujours une voix bien à elle), mais ça ne suffit pas, encore moins au bout de 3 albums. Le solfège n'est pas tout, mais il n'est pas fait pour les chiens non plus. Cela étant, même une voix correcte n'aurait pas suffi à sauver cet album du naufrage.
Le français est certes une langue magnifique, mais également exigeante : les paroles sont grotesques et vides d'inspiration, avec des refrains répétés à l'envi (vu qu'écrire des couplets c'est compliqué), dénués de profondeur, de rimes bien trouvées, d'inventivité... "You", chanson d'amour à l'eau de rose pour petites filles de 8 ans, en est un magnifique exemple : "Yeah, you, je te donne tout". No comment...
Un naufrage qui, à coup sûr, sera acclamé par une bonne partie de la presse française, qui a décidé une fois de plus d'honorer la consanguinité artistique nationale et qu'Izia était géniale, point barre. Dès lors, plus la peine d'utiliser ses oreilles. Je pense ainsi à cette chronique d'un confrère qui compare cet album à du Claire Diterzi. Dont on peut penser ce qu'on veut, mais qui propose un truc bien à elle et considérablement plus riche et recherché, pas de la vieille guimauve rancie aux paroles écrites par ta petite soeur. Je ne prétends pas avoir la science infuse, reste que l'incompétence crasse de certains "journalistes musicaux" ne cessera jamais de m'étonner.
Finalement, la seule bonne nouvelle est que l'album est court. A peine plus d'une demi-heure, on n'a pas à souffrir trop longtemps. C'est non seulement chiant comme la mort et, à l'occasion, archi-faux, mais l'impression qui prédomine est celle de néant artistique, de degré zéro de l'inspiration. Malgré toute la sympathie que l'on peut avoir pour Izia et sa bouille mignonne, il faut aussi savoir arrêter le délire et regarder la réalité en face. Au bout de 3 albums, plus d'excuses possibles : la jeune femme, qui s'est beaucoup investie dans ce nouvel album, ne fait qu'y démontrer son manque total de talent. Si elle a prouvé qu'elle savait tenir une scène, ses capacités musicales ne vont pas plus loin. Et quand, sur le dernier titre, Izia entame "tomber, un peu plus bas", on se dit que même avec beaucoup d'efforts, ce sera pourtant difficile de faire pire. Circulez, y a rien à voir ni à entendre.