Le problème, avec les zombies, c’est que l’état nie sa responsabilité dans leur apparition. C’est pourtant bien l’état qui a créé un virus mais en a perdu le contrôle il y a quelques années. La seule solution possible était alors d’engager des chasseurs de zombies et de les éliminer un par un… ainsi naquit le projet gouvernemental Matilda, et le groupe Kill Matilda. Vous l’aurez compris, les concerts et les tournées ne sont que des prétextes pour approcher plus facilement les poches locales de zombies dans les villes traversées, et les éliminer en toute discrétion. Car en effet, si on y réfléchit bien, qu’est-ce qui pourrait bien inciter un groupe à faire des tournées fatigantes de concert mal payés dans des conditions minables, comme le dit la chanteuse dans un autre contexte, s’il n’y avait ce but suprême derrière ?
Si les concerts de Kill Matilda ne sont qu’un prétexte, ils ne s’en inspirent pas moins de leur mission : bienvenue dans le petit monde rigolo de l’horror punk, avec ses codes colorés à l’hémoglobine. Depuis les années 70 et l’influences de groupe créatifs comme The Misfits, le chasseur de zombie fait tourner la machine à punk de manière efficace, avec des variantes souvent drôles (les premiers clips de The Creepshow m’ont laissé d’excellents souvenirs).
L’EP #punk#zombie#rocknroll des Kill Matilda a été le prétexte à une tournée de 6 mois et 130 concerts entre USA, Canada et Mexique. Il reprend en fait des titres issus de leur album de 2011 I want revenge, dont une reprise acoustique. Les Kill Matilda nous offrent un cocktail pimenté sympathique, bien réalisé, et ne ménagent pas leur peine sur les 6 titres de cet EP explosif. C’est énervé et bien foutu, et pour vous en mettre plein les oreilles, l’EP est téléchargeable gratuitement sur leur page reverbnation.
Il est également accompagné d’une petite BD réalisée par la chanteuse, elle aussi en téléchargement gratuit, qui nous raconte la naissance du groupe façon polar.
Avec une chanteuse qui n’a pas froid aux cordes vocales, des musiques qui flirtent parfois avec le metal, et des textes qui ne font pas dans la tendresse, les canadiens de Kill Matilda s’amusent très sérieusement. Ça réveille les zombies, ça dépote, ça provoque, ça tronçonne menu ; en bref, il vaut mieux avoir la chanteuse et guitariste Dusty Exner dans son camp que d’être contre elle !
Une chanson est un peu plus particulière sur l’EP, c’est "Geisha with a switchblade", également titre de la BD, dont le texte particulièrement violent sur fond de musique acoustique semble s’éloigner du second degré, et pose question. La chanteuse s’en explique sur son blog en soulignant que cette chanson a été écrite à propos d’un évènement bien particulier à Vancouver au Canada : le Missing and Murdered Women’s March commémore tous les ans le souvenir de nombreuses femmes disparues ou assassinées par un serial killer, la majorité d’entre elles appartenant à des minorités ethniques aborigènes subissant de graves discriminations. On retrouve ce thème au travers de la BD qui accompagne l’EP. On en profitera pour noter la capacité du groupe à présenter une version acoustique intéressante.
En résumé, Kill Matilda dégomme du zombie depuis 2008, et il serait dommage de se priver d’une équipe d’intervention aussi efficace. A garder sous le coude et à réécouter avant toute intervention cauchemardesque !
Note : 7,5/10