The Earl Grey – Odyssey

Après un premier album prometteur sorti fin 2012 (dont vous pouvez retrouver la chronique, ainsi qu'un bref historique des débuts du groupe, en cliquant ici), on attendait au tournant The Earl Grey. Le groupe allait-il parvenir à franchir une nouvelle étape et à se hisser dans le haut du panier de notre scène nationale, ou allait-il décevoir, comme bon nombre de ses pairs avant lui ? Si notre beau pays peut aujourd'hui se targuer d'avoir une scène métal de grande qualité, riche et variée, les groupes de rock ont toujours été un peu à la peine. La faute principalement aux maisons de disques (salauds !) qui n'ont jamais pris la scène locale au sérieux. Dès les années 1970, les antennes françaises des majors préfèrent se concentrer sur la chanson, voire la variété, et délaissent totalement le rock, à quelques exceptions près (Téléphone, Starshooter, ou même Trust, qui sera rapidement délaissé car pas assez consensuel). Aujourd'hui encore, pas facile d'être pris au sérieux quand on est français et qu'on joue un rock indie / pop / punk énergique dans la lignée d'un Lostprophets. Dire que s'ils étaient anglais, beaucoup crieraient à la révélation de l'année...


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Car musicalement, The Earl Grey est un très solide représentant de ce genre de musique que l'on pourrait croire typiquement anglo-saxon. Les mélodies rose bonbon imparables envoyées par l'excellent chanteur Alexandre Ragon, qui maîtrise sa voix sur le bout des doigts, sont parfaitement mises en valeur par une instrumentation toujours énergique. Si vous appréciez la musique dont le but principal est de vous coller la patate, n'hésitez plus. On savait déjà que le groupe était doué, et ce deuxième album vient enfoncer le clou en toute décontraction. En développant à l'occasion quelques ambiances un poil plus sombres et profondes ("Far", "Church of noise"), les membres de The Earl Grey montrent qu'ils ont gagné en maturité, et que tout en conservant leur bonne humeur omniprésente (refrains à gueuler à tue-tête en bagnole en veux-tu en voilà, gros choeurs dans tous les sens, quelques belles trouvailles pour diversifier le propos comme cette intro sur le mid-tempo "Sky is the limit"), ils ont plus à offrir qu'un rapide coup d'oeil ne pourrait le laisser supposer au premier abord.


 

En prenant davantage le temps, en proposant de nouvelles idées d'arrangements ("Firewall", impeccable, ou le beau final "Black is the new white" et son petit côté 30 seconds to Mars), The Earl Grey a au final pris le temps de réaliser un gros travail de production, absolument indispensable pour être pris au sérieux dans ce créneau. Un son trop faiblard, trop peu rempli, n'aurait pas pardonné face au savoir-faire de la concurrence anglo-saxonne. A l'instar de leurs compatriotes de Former Life il y a peu, le groupe montre qu'il n'a rien laissé au hasard et se présente sous son meilleur visage. Chaque titre dispose d'un petit quelque chose qui le différencie des autres, de bonnes idées de break qui permettent à l'auditeur de ne pas s'ennuyer, ce qui n'a rien d'évident dans un registre pareil. Un bien bel album donc, qui après celui de Former Life, démontre que les artistes bien de chez nous ont désormais les compétences et le savoir-faire qui pouvaient encore leur faire défaut il n'y a pas si longtemps. Avec de telles locomotives, on ne peut que s'attendre à voir la scène dans son ensemble tirée vers le haut. Mais avant de faire des projections à l'emporte-pièce, commençons par nous réjouir d'avoir dès aujourd'hui des albums de ce calibre, qui ne manqueront pas de vous filer la pêche quand vous en aurez besoin, et avec la manière s'il vous plaît !

A noter que le groupe sera en concert ce dimanche 24 mai à la Maroquinerie de Paris !
 

NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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