Encore trop tributaire de leurs aînés il y a peu; The Soft Moon semble s'émanciper petit à petit de ses références pour présenter sur son troisième album Deeper (sorti le 31 mars dernier chez Capture Tracks) un son qui n'appartient qu'à eux.
Pour ceux qui ne seraient pas encore familier de l'univers du groupe, attendez-vous à une musique tendue et bien noire. Dans le maelström de références nous vient en tête des formations aussi variées que Nine Inch Nails, The Cure, Joy Division, Bauhaus, Depeche Mode; des groupes qui, il faut bien l'avouer, n'ont pas toujours respiré la joie de vivre. C'est en toute logique donc que The Soft Moon vient gentiment vous éclater les burnes avec un "Black" sans concessions qui, avec son hi-hat poisseux et inquiétant à la "Reptile" aurait pu facilement figurer dans un film de Gaspard Noé. La voix funeste du chanteur et leader Luis Vasquez nous rappelle aussi bien celle de Nick Holmes de Paradise Lost sur "Wasting" que celle de Jonathan Davis de Korn sur "Without".
Coté musique, on reconnaît aisément les basses et les guitares aussi énervées que dégoulinantes de chorus ainsi que les ryhtmiques métronomiques du post-punk sur des titres tels que "Feel", "Try" ou "Far". C'est à croire que le groupe s'est fixé comme objectif de faire un cocktail du mélomane parfaitement dépressif; tout en prenant bien soin cette fois de ne pas se faire submerger par ce trop plein de références. Car si l'on pouvait effectivement reprocher à leurs débuts une affiliation trop affichée, ce troisième opus leur permet de faire amende honorable et d'avoir une réelle proposition musicale (pas comme chez, disons... Les Savages!).
Et en passant outre le style musical, il faut souligner la qualité de l'écriture, qui, si elle peut paraître un peu sèche en apparence, n'en reste pas moins diablement efficace. On pourra toujours un peu rouspéter en disant que les deux dernières pistes ne sont pas tout à fait au niveau du reste; mais bon, il n'y a rien d'honteux non plus.
En résumé, si vous êtes branchés musique sombre, violente et un chouïa déprimante, sans pour autant être une redite de ce qui s'est fait dans le genre, alors foncez tête baissée vers cet album qui se fera un malin plaisir de vous l'enfoncer dans un mur de granit à grands coups de marteau.