The Who + The Last Internationale au Zénith de Paris (30.06.15)

Il y a certains concerts qui se méritent, et celui qui a lieu ce soit au Zénith de Paris est de ceux-là : après quelques jours d’une canicule qui ne faiblit pas, la salle est une véritable fournaise. Comme Pete Townshend le précisera en fin de set, le mercure frisait déjà les 40°C avant même l’ouverture des portes, et malgré le fait que les portes de part et d’autre de la scène restent ouvertes toute la soirée pour ventiler, la température de la salle ne fera que grimper grâce à cette fabuleuse invention qu’est la chaleur humaine. Mais trève de plaintes inutiles, les hostilités démarrent avec les new-yorkais de The Last Internationale.

 

The Last Internationale
 


Le trio américain déploie un rock assez classique et peu révolutionnaire, qui a malgré tout le mérite d’être efficace. Malheureusement, et ce bémol incombe probablement à la chaleur excessive dans le Zénith, la réaction du public est assez mesurée. Les applaudissements sont fournis entre les titres, mais la foule ne suit que peu les invectives de la bassiste et chanteuse Delila Paz. Cette dernière communique beaucoup avec le public, remerciant au passage très copieusement les Who de les accueillir sur leur tournée. Elle troque parfois sa basse pour une guitare électroacoustique et un harmonica et chante toutes les parties vocales. Ce qui frappe, c’est malheureusement ses faiblesses dans le registre bas : ainsi, plusieurs notes manquent de justesse lorsqu’elle utilise sa voix de gorge, ce qui est assez fréquent.

The Last Internationale, live report, zenith, paris, 2015

Le guitariste Edgey Pires prend également la parole en fin de set, pour un discours assez engagé concernant les prisonniers politiques américains. Il remercie par ailleurs la France pour son soutien à plusieurs de ces derniers, dans un élan oratoire qui ne semble pas vraiment avoir sa place ici, surtout dans le cadre d'une première partie. Mais ce discours un peu excessif de théâtralité correspond bien au personnage du guitariste, qui pendant tout le concert semble un peu trop excité et survolté au vu des plans qu’il envoie. Pendant le final, il termine d’ailleurs à genoux et à se rouler par terre seul en scène alors que ses camarades sont déjà dans leur loges : l’intention est rock’n’roll certes, mais le résultat manque de spontanéité et de pertinence.

 

The Last Internationale, live report, zenith, paris, 2015

On remarque enfin tout au long de la prestation une batterie impériale qui fait office de métronome, ce qui ne surprend pas lorsqu’on sait que c’est Brad Wilk (Rage Against The Machine) qui officie derrière les fûts.
 

Si cette première partie n’est pas désagréable, elle manque en tous cas d’originalité, car nombre de ses titres semblent avoir été entendus à maintes reprises lors des cinquante dernières années.

The Who


Rapidement, les roadies anglais s’affairent sur une scène très dépouillée et aérée : hormis des écrans géants en fond de scène, le matériel est éparpillé sur l’estrade comme pour une répétition, et aucun pendrillon ne vient masquer les coulisses. On a donc tout le loisir de voir travailler les ingénieurs son et vidéo, ainsi que les techniciens qui s’occupent de la backline au milieu des flightcases : c’est surprenant mais bien sympathique ! On remarque que la batterie est abritée derrière un plexiglas, ce qui est surprenant vu la taille du Zénith : un tel détail laisse penser que le son sera excellent !

Pour nous faire patienter, un diaporama sur les écrans géants sur fond de sons d’époque bien agréables : Led Zeppelin, Genesis, Jefferson Airplane, tout y passe, et le public est ravi ! Le diaporama compile des images d’archives, des explications sur les élément emblématiques des Who, comme la cocarde empruntée à l’Armée de l’Air française. Au bon anniversaire souhaité à l’ingénieur du son Robert Collins succède un certains nombre d’hommages aux regrettés Keith Moon, John Entwistle, mais aussi Chris Squire, décédé quelques jours avant cette date parisienne.

the who, live report, zenith, paris, 2015

Après un dernier message amusant demandant aux fans de ne pas fumer, car Roger Daltrey est allergique à la fumée de cigarette, les lumières s’éteignent. Dans une traduction mot à mot depuis l’anglais, il est inscrit sur les écrans géants "Restez calme. Ici arrive The Who". Le calme ne dure pas, car après une entrée en scène détendue et un rapide "Bonsoir" en français, les Who embrayent directement sur le hit "Who Are You", avec un son absolument parfait, malgré la présence de huit musiciens sur scène. Roger Daltrey est très en voix et Pete Townshend distribue déjà ses moulinets légendaires en série.

 

the who, live report, zenith, paris, 2015

Des hits, il y en a pour tous les goûts ce soir : les Anglais piochent allègrement dans toute leur discographie et savent répartir leurs plus gros succès tout au long du set, contrairement à de nombreux groupes qui se contentent d’un final aux allures de best-of. Ainsi, des titres comme "My Generation" ou "Behind Blue Eyes" apparaissent dès la première demi-heure, pour le plus grand plaisir de tous. Si le second est un peu poussif par instants mais reste tout de même un grand moment, "My Generation" est une vraie claque. Les parties de solo de basse ont un excellent rendu, Roger Daltrey brille dans ses lignes, et Townshend se permet d’ajouter des plans de tapping qui donnent un coup de jeune à la composition. Les deux comparses le soulignent d’ailleurs dans un petit dialogue amusé précédant "Pictures Of Lily" : "Les chansons son vieilles ? " - "Oui !" - "Non !" - "Si, elle sont vieilles, mais on fait sonner le vieux comme du neuf !".

Du côté du public, ça sautille timidement par moments, mais on sent bien que la chaleur étouffe tout un chacun. Nombreux sont ceux qui se rendent plusieurs fois au comptoir pendant le set, ce qui pour une fois semble nécessaire et raisonnable.
Roger Daltrey vient haranguer les premiers rangs en leur tendant son micro, avant d’ouvrir en grand sa chemise noire, pour mieux supporter la chaleur. Sous quelques confettis tombant de la structure, vestiges témoignant du récent concert de Kiss en ces mêmes lieux, le chanteur annonce deux titres de Quadrophenia. Ces deux titres s’avèrent être "I’m One" et "Love, Reign o’er Me", et sont accueillis religieusement par la foule. L’interprétation est très poignante et la longue progression en puissance transcende réellement les musiciens.

 

the who, live report, zenith, paris, 2015


Chaque musicien d'ailleurs, est extrêmemenr carré et irréprochable, malgré les nombreux instruments parfois originaux qui passent leurs mains : guimbarde, tambourin, harmonica, tout y passe et est sonorisé à la perfection.

Il est déjà temps pour The Who de clôturer cette belle et étouffante soirée par l’inénarrable triptyque "See Me, Feel Me" - "Baba O’Riley" - "Won’t get Fooled Again", entrecoupé de véritables standing ovations. Tous reprennent les refrains à tue-tête avant l’accord de fin, qui se perdra dans les "Who ! Who ! Who !" scandés par la foule.
 

the who, live report, zenith, paris, 2015


Après une présentation rapide des musiciens, et un remerciement de Daltrey à Townshend pour "avoir écrit ces fantastiques morceaux" – le guitariste recevant le compliment en mimant un violon -, les Who font leurs adieux à une salle chauffée à blanc qui vient de vivre un énorme moment dans des conditions assez particulières.

Si l’on regrette la fusion des deux dates initialement prévues en une unique moins bien placée, ce changement aura au moins contribué à rendre le show plus unique encore. Les Who n’ont jamais usurpé leur succès, et ils l’ont encore prouvé ce soir !

Setlist :

Who Are You 
The Seeker 
The Kids Are Alright 
I Can See for Miles 
Pictures of Lily 
My Generation 
Behind Blue Eyes 
Bargain 
Join Together 
You Better You Bet 
I'm One 
Love, Reign O'er Me 
Eminence Front 
Amazing Journey 
Sparks 
Pinball Wizard 
See Me, Feel Me 
Baba O'Riley 
Won't Get Fooled Again

 



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