Faisant l'apologie d'un rock opulent, le trio norvégien sort le 28 août, son prochain album et avec lui, une dizaine de titres débordant de cette énergie qui le caractérise depuis cinq album maintenant.
D'influence southern rock, on penserait presque (et peut-être à tort) à Lynyrd Skynyrd tant ce Battles déballe force de vocalises, de riffs plus ou moins grassouillets et autres oripeaux d'un rock de confédérés mous du bulbe. Et si l'entame « Bearded Love» promet un stoner presque psyché à la The Freeks (super-group de membres de Fu Manchu, Nebula, Backbiter, Roadsaw...) des relents rock'n'soul bien pensés font très vite leurs apparitions dès « Rest In The Nest ». On pense alors aux Montréalais de Monster Truck sur leur dernier Furiosity, les harmonies west-coast et le groove en plus comme sur « Sounds Like a Maraca» ou « Diggin' For Praise» par exemple.
Vous l'aurez compris, Orango fait dans l'authenticité, le rustique sans tomber dans le rural. Alors, bien évidemment, les amateurs d'un hard rock plutôt fin du museau s'y péteront une dent ou deux tant le groupe se plait à n'aller qu'à l'essentiel. Pour autant, cette essence, aussi basique soit-elle, n'en demeure pas moins tout ce qu'il y a de plus jouissive. La dimension ludique des rythmiques, le plaisir prit à peaufiner les riffs, à monter en épingle les solos, à harmoniser les chœurs est telle qu'on se surprend à presser repeat une fois le disque terminé. Il y a de la matière dans Battles. Fortes sont donc les chances pour que vous onduliez de la tête à l'écoute d'un « Cajun Queen » au parfum bluesy avec son harmonica ou d'un «Dirty Ride» plutôt gospel. Bande-son idéale pour tracer la route à l'heure des grands départs en vacances, Battles sait tout de même faire dans la douceur avec des manières à la Neil Young période Americana qu'on retrouve dans les telluriques rythmiques de « Mountain Mist » ou dans le folk de « Wooden Hymnes ».
Néanmoins, il s'agit d'être franc, Orango ne révolutionne pas le fil à couper le beurre avec une approche du rock pour le moins directe, physique, pour ne pas dire lourdingue nous rappelant au souvenir dispensable des Datsuns. On aura beau remarquer une véritable précision dans la production et des arrangements théatralisant une certaine idée du foklore musical du sud des États-Unis of America (piano de saloon, clochettes façon serpent à sonnettes...etc.), nous ne sommes pas dupes pour autant... Sans parler d’ennui profond, certains titres frôlent ainsi la redondance, « Mr. Johnson’s Dusty Trail » et « Save Yer Lovin’ » en tête. Il manque ainsi une certaine touche d'originalité pour faire de Battles un disque noblement mémorable.
Ainsi, sans parler de sans-fautes, ou de chef d’œuvre, Orango possède force d’arguments et avec un Battles riche en saveurs sudistes, il y a fort à parier que le groupe fera parler de lui dans les mois à venir.
Rafael Panza