Mothra Slapping Orchestra – Tournée Métropolitaine 2015… Le Bilan !!!

Les Mothra Slapping Orchestra ont débarqué de la Réunion pour évangéliser la métropole. Déjà remarqués par La Grosse Radio au détour de la compilation locale Maudit Tangue réalisée par l’association Ravine des Roques, puis il y a deux ans lors de la sortie de leur premier opus: Toi Tu Creuses…, les Mothra sont venus en juin et juillet se frotter à la scène métropolitaine. La Grosse Radio a eu l’occasion de les rencontrer en fin de tournée pour le festival Contempourien dans la charmante bourgade de Mantes La Ville.

Band Mothra Slapping Orchestra

Mais présentons un peu le combo. Au "péï", le groupe fait un peu figure de all-star band. Eric "Buck Banzaï" Julien a officié il y a quelques années dans les Z’ears qui ont livré deux albums de rock de fort bonne facture ayant donné lieu a des tournées métropolitaines riches en émotions. Nico, le batteur, est salarié chez les Tukatukas (quand il ne s’occupe pas de préserver l’environnement réunionnais). Ces derniers ont aussi été chroniqués dans nos colonnes. Lolo, le contrebassiste, a acquis ses lettres de noblesses dans le monde rock ‘n’ roll en étant chanteur de Gilbert et Ses Problèmes. Et cerise dans le ghetto, le sonorisateur du groupe n’est autre que Patrice Gomez. Pour les incultes ou ceux qui auraient hiberné pendant tout le mouvement punk 77 et toute la culture alternative, Pat est connu comme le chanteur des mythiques Rats. Et il n’hésite pas à prêter main forte aux copains durant cette tournée en reprenant quelques uns des brûlots de son ancien gang.

Pour en savoir un peu plus, les Mothra ont accepté de me rencontrer en compagnie de Eric Mendez du fanzine Musik Industry dans les loges du festival. Entre mojitos et Heineken, Buck et Pat répondent à nos interrogations. Attention, tous les rockers ne sont pas débiles. Ces mecs là ont de la culture. Ne vous fiez pas à leurs gueules patibulaires… (le live report suit plus bas).

Eric Mothra Slapping Orchestra

La Grosse Radio : Buck, tu es le frontman des Mothra Slapping Orchestra, cela fera de toi le porte parole du groupe vis-à-vis de La Grosse Radio. Peux-tu nous faire un petit bilan de cette tournée métropolitaine ?

Buck : Ouah... Un bilan, carrément ! On fait d’la compta alors ! On vient d’écumer la France en long, en large et en travers, on a fait 16 dates en 4 semaines, dont trois festivals, on a joué devant des sudistes, des punks, des bretons, des parisiens et on a survécu !!! Donc le bilan est déjà positif !!! Plus sérieusement, l’objectif initial était de se "frotter" au public métropolitain et ma foi on a été accueilli à bras ouverts partout où l’on a joué avec beaucoup d’enthousiasme et on a déjà des invitations pour revenir ! On a également eu l’occasion de jouer avec pas mal de groupes métropolitains et européens, et ça aussi, c’était très important pour nous.

LGR : Est-il facile pour un groupe réunionnais de s’imposer en métropole ? Le public ne vous prend-il pas un peu pour des touristes ?

Buck : C’est toujours très excitant de démarrer un concert devant un public qui ne nous connait pas, qui nous étiquette groupe "tropical", et qui voit débarquer 3 rockers dont un en kilt... Et qui jouent du garage punkabilly ! Mais l’avantage c’est que le rock est une musique universelle, il n’y a pas un pays  au monde qui n’ait de groupe de rock… Ni de bière locale d’ailleurs ! Et puis une fois dans le concert, les gens abandonnent leurs "a priori". D’ailleurs nous aussi on avait des "a priori"... On pensait que le public parisien serait le plus difficile à convaincre, et notre date au Piccolo à St-Ouen nous à prouvé le contraire. Les gens étaient ultra enthousiastes !

LGR : Comment avez-vous été accueillis tout au long de votre périple ? Quels endroits vous ont particulièrement marqués ?

Buck : Comme je te le disais précédemment, on repart avec plein d’incroyables souvenirs et des rencontres uniques. Le monde du rock est rempli de passionnés et de gens qui vouent leur vie à cette musique. Que ce soit les punks que l’on a croisés sur les festivals (où lors de différents concerts) qui bravent les intempéries pour assister aux concerts (au Destroy Dysfest dans le Gard par exemple),  les potes des uns et des autres qui nous ont prêté du matos, que ce soit les salles associatives qui créent et font vivre des endroits uniques et se défoncent au quotidien pour faire perdurer une vie culturelle dans des endroits parfois complètement "perdus" (je pense à L’Etuve à Pont-de-l’Herault ou le Le K'fé Quoi à Forcalquier), que ce soit des patrons de salles / pubs, tous nous ont accueilli comme si on était les Rolling Stones (comme au Gibus à Laon) ! Bref, le Rock 'n' roll n’est pas mort, loin de là !!

LGR : Buck, tu disais que votre premier album avait été réalisé presque sur un coup de tête après seulement quelques répets’, tellement le groupe fonctionnait bien. Maintenant, vous jouez beaucoup de nouveaux morceaux. Un second opus est-il en préparation ?

Buck : Ouais, tu es bien informé on dirait. Effectivement c’est le prochain projet dans les tuyaux. On devrait s’y atteler fin d’année, début d’année prochaine. Comme le dit très bien Nico (le batteur) : "Un an, un projet". C’est un bon fonctionnement, ça permet de ne pas se disperser. L’avantage c’est que les titres du second opus existent déjà, il suffit simplement de les enregistrer. Maintenant on souhaite cette fois-ci prendre davantage notre temps et sortir un album plus produit, …et un pressage en vinyle serait "top" également !!

Au fond de la loge, tranquillement posé sur un canapé, Pat boit son café. Il en temps d’aller réveiller en lui l’âme du chanteur des Rats.

LGR : Pat, le commun des mortels te croyait retiré de la scène punk rock depuis ton départ à La Réunion. Mais tu as remis le pied à l’étrier en étant gratteux chez les Tukatukas. Et là, te revoilà comme sonorisateur des Mothra. Qu’est ce qui t’as donné envie de repartir pour un tour ?

Pat : En fait, j'avais fait un break avec le monde du rock. La rupture avec les Rats ne s'est pas faite sans douleur. J'avais besoin de temps pour me retrouver et prendre du recul. Puis, j'ai rencontré les Tukatukas qui, à l'époque, était un des rares groupes keupons réunionnais qui avait de l'énergie à revendre… Et ça jouait... Je leur ai donc proposé de jouer avec eux. S'en est suivie une tournée métropolitaine et l'enregistrement de Chaleurs Tropicales. J'ai quitté le groupe car ils n'étaient pas disposés à aller plus loin (pas facile de trouver des zicos prêts à tout à la Réunion, l'île est étroite et t'as vite fait le tour...). J'ai rejoint alors un projet en pleine genèse qui aller donner naissance à Abazdabu avec qui j'ai réalisé une tournée métropolitaine et un album L'appât du gain.

ABAZDABU - L'appat du gain - Lucas Boccadifuoco / Abazdabu
Extrait de l'album - L'appat du gain
Réalisation : N.Guéniot / Evil Ways Prod 2015 (La Réunion)


Il était prévu que nous fassions une deuxième tournée en métropole mais le groupe à splitté juste avant. Alors quand Sandrine (manager des Mothra) m'a enfermé dans les toilettes d'un festival pour me proposer la tournée avec reprises des Rats, j'ai accepté, ce que j'avais toujours refusé de faire : reprendre du Rats sans les Rats... L'excellence musicale du groupe et le sérieux de Sandrine ont eu raison de mes réticences.

LGR : Avec les Mothra, tu reprends donc quelques titres des Rats. J’imagine qu’en métropole tu as du avoir un bel accueil tant ton groupe a marqué la scène alternative. D’ailleurs as-tu croisé quelques valeureux guerriers de cette époque pendant la tournée ?

Pat : Oui, l'accueil était chaleureux ! C'est étrange et gratifiant de voir que 20 ans après les gens se rappellent de toi, de tes chansons et que l'on continue à les jouer (j'ai adoré reprendre "Abbey-routh" avec les Gunlock à Carsan). J'ai revu quelques anciens guerriers comme Gérôme des Cadavres et bien sûr Joss mon "frelu" et Rolo, guitaristes des Rats, j'en ai revu d'autres qui ont continué comme Fab des Sheriffs, les Notepock... J'aurai aimé revoir Swen de feu Parabellum et Spi d'OTH car ce sont des personnes qui m'ont énormément apporté au niveau musical et humain mais le temps m'a manqué...

LGR : Qu’est ce qu’un type comme toi, légende pour certains, survivant pour d’autre, espère encore du monde la musique ? Quel regard portes – tu sur son évolution ?

Pat : Internet a démocratisé la musique mais l'a fait aussi devenir impersonnelle. Avant, acheter un vinyle était un petit évènement en soi. On attendait avec impatience les dernières sorties, aujourd'hui on télécharge des fichiers on se branche sur Deezer… Du coup nous portons moins d'attention à ce que nous écoutons (un peu comme la télé par rapport au ciné). Je remarque aussi que si les productions sont de plus en plus abouties et les groupes de plus en plus "carrés", le message à tendance à disparaître pour des slogans préfabriqués ou des textes se voulant littéraires et je t'avouerai que je n'ai pas vibré sur un groupe comme j'ai pu vibrer sur OTH ou Parabellum depuis longtemps. Par contre, il m'a été donné d'assister à un truc énorme : 4 scènes, 4 groupes qui jouent en même temps (parfois seul ou à deux ou à 3), le public au milieu avec un son énorme (il y avait les Marvins, Papier Tigre, Casse-Brique et un autre dont je ne me souviens plus du nom...). Ce fut une expérience inédite et surprenante, le fait d'avoir du son qui arrive de partout à la fois à l'unisson procure des sensations proche d'un trip (sans rire !) !!!
 


LIVE REPORT


Il est temps pour les Mothra de se préparer pour leur concert. Ce soir, ils ont un énorme défi à relever, ils prennent la suite de Corbier sur la grande scène du festival. Oui, Corbier, celui de Dorothée, le seul, le vrai l’unique !!! Et je vous rassure de suite, ils prennent ça au sérieux les gars. En plus, c’est le dernier concert avant le retour sur leur ile donc ils vont tout donner. A commencer par les bières qu’ils nous offrent à profusion en nous invitant à garder leur loge jusqu’au début du concert. Burps !!!

Un petit mojito et il est temps de partir vois le dernier show de la tournée métropolitaine 2015 des Mothra Slapping Orchestra...

Nico Mothra Slapping Orchestra

Les trois gars présentent un show rodé à la perfection. La contrebasse apporte une profondeur au trio et puis un tel bestiau sur la scène (on parle bien de l’instrument hein pas du mec), ça en jette ! Niveau accroche du public, rien de tel que leur reprise du petit Prince, pas celui de Saint-Exupéry, l’autre. Les trois gars nous balancent dans les gencives un "Kiss" tonitruant (comme le gratteux des Wampas et des Dogs). Comme au Scrabble, les mecs changent une lettre et le Funk devient Punk. Grande classe. Après une telle baffe dans la face, il est temps de se réhydrater (n’oubliez pas que les Mothra nous ont accordé un pass open loge… hé hé).

Lolo Mothra Slapping Orchestra

On savourera les morceaux suivant de derrière la scène, ce qui permet d’appréhender les réactions du public. Et, il n’y a pas à chier, ça fonctionne !!! Dans ce festival, plutôt familial, les Mothra Slapping Orchestra fédèrent !!! Bien joué…

Eric Mothra Slapping Orchestra Johnny B Goode

Peut-être l’endroit n’était-il pas assez punk pour que Pat vienne pousser la chansonnette ? Du coup, "De Barbès à Belleville" des Rats sera remplacé par "Johnny B. Goode" où votre serviteur viendra beugler quelques refrains. Mais pour rattraper le coup, vous trouverez plus bas, une video de la veille avec Pat au micro.

De Barbès à Belleville – Mothra Slapping Orchestra reprend les Rats aux Barrocks.


Après cet hommage à Chuck Berry (et à Marty Mc Fly), il est l’heure pour les réunionnais de revenir à une vrai vie. Après une incursion dans le monde parallèle du rock ‘n roll, il va falloir passer par tout un tas de paliers de décompression avant de pouvoir revenir à une vie normale. Pour la soirée, quelques packs de Heineken aideront bien à redescendre en douceur, puis il sera temps de mettre en ordre ses souvenirs pour que cela devienne une tranche d’histoire avant la prochaine tournée ??? Les Mothra Slapping Orchestra sont certes fatigués, veulent rentrer au pays voir leurs familles, mais on connait la puissance du démon rock ‘n’ roll et moi je mettrai bien quelques pièces sur le fait que, forts d’un deuxième album à promouvoir dans pas longtemps, on pourrait bien les revoir dans nos contrées dans pas si longtemps que ça. Bon retour les mecs, merci et à bientôt !!!

 



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