Le collectif londonien en pleine tournée mondiale a foulé les planches de l’hexagone pour son Restriction Tour, en festival (Les Vieilles Charrues, Garorock, Rock Altitude Festival) et pour deux petits sauts estivaux à Vaison-la-Romaine et à Nice.
Fidèles de la Côte d’Azur depuis leurs débuts, ils ont envahi le Théâtre de Verdure de leur son hypnotisant. Concert à ciel ouvert, sous les étoiles et la lune qui illuminaient la statue ailée surplombant l’entrée de salle en bord de mer.
Le live commence sur « Feel It », premier titre du dernier opus et c’est en effet le mot d’ordre de ce concert : ressentez ! Si bien qu’il est presque difficile d’en parler. La musique d’Archive ne se raconte pas, elle se ressent. On ferme les yeux et on reçoit dans le cœur et la tête des notes entêtantes qui parcourent le crâne d’une oreille à l’autre. On écoute attentivement ces voix soulevées par l’instrumental. Voix masculines pour ce concert niçois puisque les chanteuses d’Archive n’étaient pas de la partie. Dommage, on aurait bien écouté la rengaine sublime et féminine de « Half Built Houses » qui ouvre la poitrine en deux lorsqu’on l’entend au casque chez soi. Mais ce soir, places aux hommes. Darius Keeler et Danny Griffiths sont présents, c’est le plus important. Ils drivent leur équipe comme de petits chefs d’orchestre, planqués derrière leurs claviers la plupart du temps. Lorsque Darius s’avance sur la scène en agitant ses mains ou que Danny jette un regard, on se demande s’ils agissent à distance sur leurs acolytes comme deux gourous au champ magnétique surdéveloppé.
Mais Dave Pen ne se laisse pas faire. Il bouffe la scène, volant même la vedette aux deux fondateurs du collectif. Avec son allure svelte et penchée, au bord des planches comme au bord d’un précipice, il crache sa voix suave dans un micro collé à ses lèvres du début à la fin. Les sourires ne sont pas tellement de mise, Archive préfère l’attitude sérieuse, les sourcils froncés, les paupières closes, les propos mélancoliques et écorchés. Il y a des soirs où ça nous va. On se laisse emporter dans cette tourmente auditive, mais aussi visuelle lorsque le film Axiom est diffusé en arrière-plan.
Il y a une rigueur, une propreté, quelque chose d’impeccable et de palpable dans la musique d’Archive, même en live. Que ce soit aux claviers, basse, guitares, batterie ou chant, tout est parfaitement calé. La reverb' est placée au bon moment, la saturation aussi, juste de quoi te faire grésiller la cervelle par instant sans la griller pour autant. Le mélange doux-amer bien dosé. Le truc qui te plombe juste quelques secondes pour t’amener encore plus loin dans l’envol l’instant d’après.
Et ce nouvel album, Restriction, n’a rien à envier aux disques de la grande époque d’Archive (Londinium, 1996), c’est un bijou de nuances, d’ambiances, de couleurs froides, de lumières bleues, de cavernes aux tons « Black and Blue », de nappes frénétiques et d’éclairage tamisé. N’est pas anglais qui veut !
Bien sûr, les fans auront droit à quelques retrouvailles avec les incontournables du groupe comme « Fuck You » et « Bullets » qui agglutinent la foule contre le crash. « Personal responsibility, personal responsibility, personal responsibility , personal responsibility... »
Indéniablement dans le top 2 des meilleurs concerts aux sonorités rock donnés au Théâtre de Verdure de Nice cet été ! Oui on a quand-même eu Slash en juillet... (RIP Crazy Week !!!, tu nous manques, cher festival.)
Si vous avez manqué ces quelques dates françaises, reste à vous organiser des vacances à l’étranger. Archive est déjà reparti sur les routes de Belgique, Espagne, Russie...
Foncez, ça en vaut le déplacement !
Flora Doin
Crédits photos : Flora Doin.