Dead Letter Circus – Aesthesis

"Vouloir dépouiller sa musique de tout artifice pour se concentrer sur son essence est une intention tout à fait louable, mais ce faisant, Dead Letter Circus montre ses limites".

Déjà le troisième album pour les australiens de Dead Letter Circus, qui avaient brillamment confirmé leur potentiel il y a deux ans avec The Catalyst Fire. Avec un rock qui emprunte autant au progressif qu’au rock alternatif, avec quelques touches de métal, le groupe dispose d’une personnalité bien affirmée et rencontre un succès grandissant. Le troisième album est souvent décrit comme celui de la maturité, qui confirme si le groupe a le potentiel pour durer. Si c’est le cas, on a sans doute du souci à se faire pour l’avenir de Dead Letter Circus.


aesthesis, while you wait, australie


Le groupe a souhaité proposer des ambiances plus travaillées que par le passé et a délaissé toute envie de virtuosité instrumentale. Certes, quand les instrumentistes parviennent à mettre leur talent au service de la composition au point que les performances individuelles s’effacent derrière la cohérence de l’ensemble, on peut obtenir des chansons irrésistibles. Mais encore faut-il en avoir les moyens.

Après un départ plutôt convaincant (« In plain sight », « While you wait »), le tempo ralentit et l’album tend à s’enfermer dans une certaine monotonie, malgré quelques bons moments. La raison principale de cet écueil est que le groupe paraît incapable de proposer des mélodies suffisamment variées pour maintenir l’intérêt de l’auditeur sur la durée. Témoin le chant de Kim Benzie, qui s’il a toujours été la clé de voûte des compositions, peine ici à proposer des nuances qui auraient permis de véritablement faire la différence entre les différents refrains et, plus généralement, entre les différentes compositions.

Là où l’énergie flamboyante était son terrain d’expression naturel, il semble que le groupe ait voulu emprunter une nouvelle direction sans en avoir véritablement les moyens. D’où plusieurs compositions qui, en cherchant à se faire plus concises pour aller droit au but, ne décollent jamais (« Silence »), quand elles ne s’avèrent pas carrément ennuyeuses. De la simplification au formatage, il n'y a parfois qu'un pas, et sans aller jusqu'à accuser le groupe de chercher le succès facile, il est clair qu'ils ne sont pas parvenus à aller au bout de leurs envies.

Vouloir dépouiller sa musique de tout artifice pour se concentrer sur son essence est une intention tout à fait louable, mais ce faisant, Dead Letter Circus montre ses limites. Les artistes de prog répètent souvent qu'il est plus difficile d'écrire des mélodies véritablement marquantes que de balancer desmilliards de notes, et ce 3e album en est une nouvelle preuve. Aesthesis n’en est pas pour autant un ratage complet, loin s'en faut, seulement un album un peu trop banal pour être véritablement plaisant, ce qui venant d’un groupe aussi talentueux est d’autant plus regrettable. Il ne reste plus qu’à espérer que si la formation poursuive dans cette direction, elle parvienne à apprendre de ses erreurs pour nous proposer un quatrième album plus abouti. 

 

NOTE DE L'AUTEUR : 6 / 10



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