Attention, on a ici affaire à de sacrés zozos. Jugez-en par vous-même : Honus Honus, Pow Pow, Turkey Moth, Chang Wang et Jefferson en sont les protagonistes. Espérons que ce sont des pseudonymes. Enregistré à Omaha, Nebraska, le quatrième album des gars de Philadelphie est sorti au début du mois de mai sur le label Anti- (Tinariwen, Wilco, Tom Waits, etc) et méritait bien que l'on se penche un peu dessus.
Comme à l'accoutumée, Life Fantastic a comme instrument principal le piano. Tout autour de cet instrument gravite une multitude d'autres, guitare baryton, xylophone, instruments à vent, et donne une aura cabaret des plus appréciable. Mais là où d'autres vont chercher leur inspiration dans les folklores de l'est ou de l'ouest, Man Man pioche un peu partout sans trop se poser de question et impose son caractère nerveux à la face du monde. Il règne tout au long de cet album une cohérence et une créativité assez bluffantes.
Difficile donc de jouer au jeu des références. La voix gouailleuse de Honus Honus m'évoque le talentueux Elyas Khan des trop méconnus Nervous Cabaret, rageuse et profondément lyrique. On peut trouver quelques influences anglaises 60's sur "Spooky Jookie", notamment dans l'utilisation des cordes.
La fibre rock n'roll est néanmoins omniprésente, que ce soit sur le groovy "Bangkok Necktie" ou l'endiablé "Dark Arts".
Et toujours l'on retrouve cet air de comédie musicale 70's décalée, déjantée, imprévisible et foutrement réjouissante.
Je ne vois plus qu'une solution pour que revienne le soleil : procurez-vous cet album et débouchez un bon vin du sud. Vous verrez, les nuages se disperseront. Nul ne peut résister à ces gars-là.
En plus, il paraît que leurs concerts sont des tueries improbables.