Concert à domicile pour la fleur qui pique !
Les niçois avaient rendez-vous avec leur Rose hier à la Fnac de Nice, pour un showcase en famille. Papa est dans la salle, les amis - musiciens ou pas - également, un public de fidèles, quelques notes d’accompagnement au clavier, une folk pour la bella et son fidèle Medi à la Strato pour la présentation de ce nouvel opus, Pink Lady.
Oui, la couleur est conservée.
L’état d’esprit aussi. 10 ans après « la liste de choses qu’elle veut faire », Rose continue de se confier dans ses chansons autocentrées, pour la plupart. « Connais-toi toi-même », comme dirait l’autre… Elle ne s’en cache pas. Dans un duo enregistré avec Jean-Louis Murat, « Pour être deux » (voix masculine remplacée par Medi cet après-midi) elle avoue sa nature solitaire, pas solidaire, sa construction personnelle, plus facile seule qu’accompagnée, son blues, son besoin de blues, son manque d’empathie, ok, c’est dit. Mais dit avec brio ! Les mots sonnent, résonnent, se font écho, rien à envier aux ballades folk entêtantes anglosaxonnes. Il y a dans ce nouvel album une vraie force d’écriture et de caractère. Les pieds bien ancrés dans une réalité, un quotidien, des aventures, personnelles et professionnelles, une facilité à décrire et analyser ce qu’il se passe de concret, juste là, autour d’elle, avec beaucoup de lucidité. Rose laisse l’imaginaire aux autres. Les tracas du monde aussi. Elle partage les siens et elle le fait bien.
L’expression bien connue « quand on aime, on ne compte pas », très peu pour elle. Rose compte. Elle compte « les jours, les calories, les dépenses, ses économies, les paires de bottes, les clopes, les voyages qu’elle ne fera pas (…) ». Quand on compte, on n’aime pas ?
Ce qui est paradoxal lorsqu’on l'écoute, c’est qu’on ressent à la fois ce blocage à ouvrir ses bras et cette envie de partage, malgré tout. Ce besoin d’exister. D’ailleurs, sur scène, elle ne garde pas souvent les yeux fermés. Elle croise les regards, prend la température du public, échange entre les titres, à l’aise et sans retenue ni timidité. Sa gestuelle fluide, sa ligne menue, ses cheveux coiffés-décoiffés, son regard en amande bleu-gris captivent. Sa détermination aussi.
Les mélodies sont envoutantes, poétiques, avec juste ce qu’il faut de réverb’, en particulier sur l’album mais même en formule trio, ça glisse. Quelque chose à la Bachelet dans le clavier, à la Bénabar dans la guitare, à la Janis Joplin dans le timbre et les influences évidentes, ce qui rend le tout absolument unique. Sa voix à la brisure délicieuse vient écorcher la légèreté des instruments. Ce dernier disque assume des rythmes pop, des riffs simples et accrocheurs, des claquements de doigts, des chœurs bien placés et en live, on écoute attentivement.
Dans la salle on reçoit les vapeurs de son alcoolisé « Pink Lady », à la rose et aux fragrances de cocktails mélangeant mélancolie, nostalgie, espoir et ivresse. Avec une fraise tagada sur la touillette. Sucré à l’aventure, salé aux larmes.
On « compte » le nombre de titres joués, on en aurait bien écouté d’autres, en particulier son excellent « Je de société », à découvrir absolument pour les intoxiqués des réseaux sociaux (again, que de lucidité !). On redécouvre « La Liste » et « Ciao Bella », on chante à l’unisson que « les autres on s’en fout » (même si c’est loin d’être vrai), on tape des mains sur sa demande, on sourit quand elle sourit et on s’en va, avec ses ritournelles dans la tête jusqu’au réveil du lendemain matin. Pari gagné.
Crédit photos : Flora Doin
Flora Doin