L'album virevoltant des Delta Saints est sorti le 4 septembre dernier chez Loud & Proud Records, on se l'écoutait et se le gardait jalousement, le voilà dans nos colonnes. Mais nous vous avions présenté le single "Heavy Hammer" fin août et vous aviez semblé l'avoir bien apprécié tant il est puissant. Je vous gâche le suspense mais l'intégralité de l'album l'est tout autant. Nous avions également placé Bones dans notre Grosse Sélection de septembre. Et c'est bien la première fois que je mets un 10/10 à un album. Mais Bones déchire complétement ! Ca percute, ça roule, ça cadence, ça tambourine, ça claque ! C'est du très costaud. Et cette voix surprenante, ultra maîtrisée mais qui lâche tout, à frémir...
L'antenne Rock a choisi de présenter l'album en passant sur sa playlist "Sometimes I Worry", le morceau d'ouverture. On y perçoit des touches garage, blues, soul. Un délice.
Pas con, le groupe a tracé sa route dans les clubs, salles et festivals des Etats-Unis. Se produisant environ 200 fois par an depuis 8 ans. Et ça marche ! Les Delta Saints ont traversé l'Atlantique pour en faire tout autant en Europe avec déjà 6 tournées dans nos contrées occidentales, passant dans de nombreux festivals aux Pays-Bas (au Moulin Blues et au Ribs and Blues), Belgique (au Gevarenwinkel), France (Cognac Blues Passion) et Allemagne (au Grolsch Blues Fest).
Si la voie de la scène est le meilleur moyen de gagner naturellement du public, avoir un enregistrement excellemment produit est certainement un moyen de garder ses fans. Et on ne peut pas dire que les Delta Saints et leurs os dérogent à cette règle. Les originaires de de Nashville, Tennessee ont su s'entourer et mettre les moyens qu'il fallait pour nous pondre cet effort. On retrouve à la production Ed Spear (Jack White, Arctic Monkeys, Neil Young), un spécialiste du genre, ingénieur, technicien et ancien de Third Man Records. Il a su arriver à satisfaire le leader du groupe Ben Rigel qui trouvait que "Nous sommes arrivés au point où ce que nous étions en train d'enregistrer et de jouer avait dévié de ce que nous écoutions habituellement et aimions sur nos platines, ce qui peut mener à de l'insatisfaction."
(Re)découvrez donc déjà le single "Heavy Hammer" et sa ligne de basse impétueuse avec le clip suivant :
Cet effort essentiel, se transcender en studio, Ben Rigel, chanteur et auteur, soutenu par le guitariste Dylan Fitch, le claviériste Nate Kramer, David Supica et Vincent Williams ont su le faire aux studios Sputnik Sound de Nashville. Ils ont en effet réarranger leur musique et leur style en adoptant une nouvelle approche, celle de créer leurs titres en toute spontanéité, directement au Sputnik Sound. De cette approche particulière sortent ces fabuleux 10 titres.
Ces fans de Led Zeppelin, Otis Redding, The Black Keys ou encore Jack White ont su tirer le meilleur de leurs influences blues/rock. Comme sur l'explosion garage rock fuzzé "Sometimes I worry" ou sur le calme et psyché blues "Butte la Rose", petite ville à la tragique histoire, innondée et déplacée pour sauver La Nouvelle Orléans... On reste dans le bayou avec "Bones", blues aux riffs d'orgues vaudou à l'influence trance africaine. Le percutant "Heavy Hammer" trouve son origine dans la banalité du quotidien que Ben Rigel honnit mais y célèbre l'éthique du travail. La saccadée "Berlin" a été composée... à Berlin, lors d'une tournée, et de cette instru est né un rock progressif frappant.
Pour Ben, "cet album est né à la fois de la nécessité et du désir que l'on a ressenti. Nous avions besoin d'être satisfait et surpris par la musique à nouveau, et nous avions besoin de satisfaire cet amour de l'écriture et de l'enregistrement à nouveau."
On peut dire que leur nécessité et leur désir sont convaincants, nous sommes saisis et conquis !
Yann Landry
Crédit photo : Melissa Madison Fuller