"C'est le ressenti que l'on a en écoutant Land Of Holy Joy; celui d'entendre un groupe éternellement sur le retour d'un début qui n'a jamais vraiment eu lieu"
Du nom de groupe à consonnance ironique au fort accent anglais du chanteur tout en passant par le chorus des guitares, pas de doutes, Band Of Holy Joy sent bon les années 80, et pour cause, puisque ce sont précisément ces années qui ont vu naître ce projet.
Tout commence par des débuts en catimini, à base de cassette autoproduites, et d'une rumeur underground assez persistante pour que BOHJ perdure jusqu'aux années 90 et leur signature sur le label Rough Trade qui leur permettra de connaître leur 15 minutes de gloire avant qu'une banqueroute ait raison dudit label et entraîne indirectement la séparation du groupe en 1993. Dix ans plus tard, BOHJ renaît de ses cendres et depuis 2007 enchaîne les sorties à un rythme assez effarant. Un parcours un peu bordélique, qui semble se retrouver dans la musique. Ecouter leur dernier album, The Land Of Holy Joy, pourrait finalement s'apparenter à lire une biographie du groupe. Au premier abord, on est facilement rebuté par cet aspect nostalgique mal amené et parfois touchant au grotesque (l'horripilant single "Isn't Just The Life"), mais une écoute plus appuyée révèlera à nos oreilles un autre son de cloche.
S'il y a bien une chose que l'on peut dire sur BOHJ, c'est qu'il est un véritable outsider. Hors de la mode, hors du temps, et parfois en dehors du bon goût et de la maitrise; tous ces aspects négatifs réussissent quand même à rendre cet album et par extension ce groupe attachant. On imagine ainsi sans mal les jeunes fous pas nécessairement doués ni talentueux tenter de faire leur trou dans une scène post punk alors en plein essor. Coup du destin, coup de malchance, la mayonnaise ne prendra jamais vraiment, et nous revoilà, des années plus tard, avec des cinquantenaires qui n'en finissent pas de commencer. Certes, cet opinion peut bien puer la condescendance de bas étage, reste que c'est le ressenti que l'on a en écoutant Land Of Holy Joy; celui d'entendre un groupe éternellement sur le retour d'un début qui n'a jamais vraiment eu lieu. Si l'on voulait être mauvaise langue, on pourrait d'ailleurs parler de BOHJ comme un vieux groupe de potes qui s'amusent (encore à leur âges) à faire leur tournée dans les salles de fêtes de bled paumés, rêvant encore du jour où il pourront aller fricoter avec les étoiles, tout en sachant au fond que cela n'arrivera probablement jamais.
C'est donc tiraillé entre mélancolie amère et fougue de la vieillesse que se trouve l'album qu'on imagine être sans mal à l'image du groupe lui même, exprimant sa médiocrité bien humaine; nous touchant plus par leur reflet musical que par leur compositions à proprement parler.